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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 19:29

http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcRiZiL0_pqUJpQbPgKaDY2jEsE9Vv8TNGTD35rkJ_P09LpvprkwSUITE de l'article précédent

 

II. Sous le rapport théologique :  le défi de voir Dieu   

 

La prière procède  donc d'une activité mentale analogue à celle relative à une conversation ordinaire que toute personne peut entretenir avec une personne aimée d'elle, et qui l'aime plus encore. 

 

1. Néanmoins ce partenaire n'est rien moins que Dieu. Et de surcroît il est fondamental de préciser de quel Dieu l'on parle. Contrairement à l'invraisemblable fourre-tout d'idées, de sentiments, de rêves, que recouvrent la variété des acceptions du terme "Dieu", il ne s'agit, pour faire court que de Dieu défini par l'Eglise Catholique.

N'est concerné ici que Dieu défini selon la métaphysique de Saint Thomas d'Aquin, de Dieu Trinitaire défini théologiquement par Saint Augustin, de Dieu incarné en notre-Seigneur d'après l'enseignement de Saint Paul.  Et il n'est question ici que de Dieu rendu présent en l'homme au moyen des  sacrements (baptême, confirmation, confession, et Sainte Messe) donnés par l'Eglise, expliqué à l'intelligence du baptisé par le Magistère, volontairement aimé par le don psychologique de soi.

Il ne s'agit pas du Dieu façonné selon des besoins de religiosité, dans une "relation personnelle" comme le promouvait par exemple un Jacques Gaillot, où l'ego humain se borne à se mirer narcissiquement en un "être" - ou plutôt une métaphore -  moralement idéal et psychiquement réconfortant, et commodément paré de dénominations poétiques  (et d'apparence théologique)  "Père" "Jésus" "Frère"...

 

2. L'oraison est un acte. Selon le philosophe semi-moderniste Maurice Blondel, l'action est le seul véhicule permettant à deux ordres de réalité de communiquer. L'action de Dieu et l'action du fidèle priant peuvent se rencontrer.  dès lors, et cette fois en langage thomiste, Dieu peut communiquer sa Vie, de manière participée, au baptisé priant.

Puis, la prière constitue un acte d'attestation de la part du baptisé face à Dieu, et face à l'Eglise et à l'humanité. 

Ensuite elle consiste en l'attestation d'une certitude, et non pas d'une opinion, où l'intelligence a tranché et ne balance pas. Il ne s'agit pas  et encore moins d'un sentiment vague, comme le prétend un Paul Poupard qui enseigne que  "croire serait espérer en un amour"  (SIC) ni en pire d'une émotion confuse comme l'imaginent certains charismatiques ou évangéliques.   

Cette certitude porte sur l'affirmation de la réalité objective de Dieu tel qu'il est enseigné par l'Eglise Catholique, en tous ses tenants et aboutissants brièvement résumés ci-dessus.

La prière ré-actualise sans cesse donc cette certitude.

 

3. Par conséquent la prière est destinée à placer, et à faire tenir à genoux d'adoration, le fidèle face à ce Dieu caché aux yeux sensibles, aux désirs de la religiosité trop humaine, mais en face-à-face véritable, dans cet amour de volonté  tel qu'il nous est  nous est enseigné aux termes des Evangiles et permis grâce à l'Eglise Catholique.    

En effet, elle est l'unique moyen de relever en quelque sorte le défi lancé par Notre-Seigneur Jésus-Christ:  entretenir cette vie, ce "commerce d'amitié seul à seul avec Dieu on on se sait aimé"  dont parle Sainte Thérèse de Jésus, entre l'homme et Dieu Lui-même. Ajuster la faiblesse psychologique de l'homme à la Toute-Puissance de Dieu Notre Père, afin d'aboutir en une réelle conversation. Tel est bien l'enjeu de la Révélation enseignée par Notre Seigneur: nous devons L'"apprendre",  apprendre qui Il est et à travers Lui, qui est la Sainte Trinité; nous devons marcher à sa suite. Nous devons le "manger" (St Jean, ch. 6) , lui donner à manger (cf. Saint Luc, ch.17, 19)...   

C'est pourquoi, certains Chrétiens ayant donné leur vie à cette vocation, ont scruté si profondément cet enseignement, celui des Pères, et les directives du Magistère se sont retirés au désert au 16ième siècle et ont illuminé le Carmel en nous laissant des pistes pour baliser sa "montée" renouvelée, un enseignement d'une sûreté doctrinale, d'une profondeur définitive, et d'une efficacité féconde.    

 

A SUIVRE       

JEAN CHAUDIERE (C) Octobre 2012

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 19:11

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VI - SA DIFFERENCE AVEC LA PRIERE NATURELLE

 

1. l'opposition de contradiction psychologique de la prière naturelle.

Il suffit de relire le commentaire que nous avons fait ci-dessus du petit catéchisme de l'oraison mentale pour que saute aux yeux l'opposition qui règne entre cette dernière et la prière naturelle.

Une définition de la prière naturelle, ou psychologique, ou non chrétienne, peut être citée ci-après:    

Tentative de communication avec des êtres surnaturels ou des  énergies métaphysiques. L'utilisation la plus commune de la prière consiste à demander l'intercession d'un être surnaturel, d'une force invisible ou d'une énergie quelconque dans l’obtention de ce qu’on désire. Cette forme de prière constitue un excellent exemple de pensée magique: la personne qui prie cherche à obtenir quelque chose en exprimant sa volonté personnelle. Certains croient qu'on peut ainsi guérir des malades, lutter contre le crime, vaincre des ennemis et gagner des parties de foot. (tiré du Site internet des Sceptiques du Québec)

Au regard de cette définition, la prière catholique est un exercice de communication avec Dieu compris selon la métaphysique réaliste - il n'est pas une "énergie" ni un énergie métaphysique"; et révélé d'après l'Ecriture Sainte expliquée de façon univoque  par l'Eglise catholique. 

Son essence est de remplir la vocation humaine  d'accomplir la destinée humaine qui s'impose à tout individu, volens nolens; elle ne consiste pas à satisfaire de manière illusoire ou auto-suggestive le désir subconscient,  narcissique, trouble,  violent, de l'homme.

La forme de prière catholique est l'antithèse de l'acte magique: la personne doit discipliner sa volonté personnelle, afin de la calquer en réalité sur celle de Dieu.  Elle ne doit cherche à obtenir que cela: l'union de volonté, malgré l'aridité humaine de l'exercice.      

  2. L'opposition de contradiction culturelle de la prière naturelle.

 La prière catholique obéit de façon intrinsèque,  dans son essence, dans sa forme,  et dans son exercice, à l'enseignement de Notre-Seigneur-Jésus-Christ.  Cet enseignement est consigné dans les Evangiles, le Nouveau Testament, dans la Bible en général, et explicité par les Pères de l'Eglise et par le Magistère des Papes, et par les Conciles.   

La prière psychologique est un exercice fondé sur les ressources de l'inconscient collectif; il est une manifestation du désir humain: de repos et d'apaisement dans une angoisse particulière, de joie en un moment singulier d'exaltation; il s'exprime alors de manière infra-intellectuelle. C'est-à-dire que l'intelligence et la volonté ne sont pas activées à titre principal, alors que l'imagination, la mémoire d'un côté, mais aussi le sentiment et l'émotion sont omniprésents.  De la méditation esthétique d'un Enrest Renan sur l'Acropole, à la transe charismatique ou chamanique se déploie toute une palette de sensations et de comportements individuels ou collectifs.

Elle peut aussi souvent être vécue par des personnes névrosées, hystériques, ou perverses. Elle s'amalgame alors à des délires paranoïaques, sensuels, et parfois criminels.

Ces facultés et le subconscients sont mis en oeuvre au moyen de représentations culturelles multiples et variées dans le temps et l'espace: des représentations esthétiques, le spectacle de la nature, des figures mythologiques, des pulsions animistes dans les forces de la nature, une sympathie particulière avec un milieu humain ou cutlurel déterminé, etc.

3. L'opposition de contradiction mystique gnostique

S'agissant du mouvement soufi, ou de l'auto-hypnose ou de l'hypnose, ou des méditations kabbalistiques ou gnostiques multiples et variées, la prière naturelle est un exercice de concentration où la factulté de l'attention est mobilisées de façon primordiale. En revanche toutes les autres facultés sont bannies: imagination, mémoire, intelligence; c'est pourquoi il s'agit de la prière d'un mode supra-intellectuel.   

La méditation supra-intellectuelle est fondée sur la métaphysique  d'origine aristotéli-néo-platonicienne, de type acosmique,  pan-enthéiste et non pas panthéiste, en vertu de laquelle toute chose émanée ne contient pas la totalité de la chose émanatrice. Cette dernière  en son stade ultime, l'infini ou l'un, n'est donc connu que négativement, elle est une aporie; elle est le néant notamment dans la Kabbale.  Elle est nourrie par un discours dit "théologie" naturelle, négative; Elle est qualifiée d'initiation et soumise à une discipline enseignée par un maître.      

Au contraire la mystique catholique est réaliste, Saint Jean de La Croix ni les authentiques catholiques ne se fondent pas dans le divin, n'abdiquent pas leur personne, leur moi, ne jouissent pas du néant. La discipline des "sept demeures" thérésiennes aboutit à une vie unitive avec Dieu où la certitude fulgurante de 'incarnation de Notre-Seigneur Jésus Christ qui se marie avec l'âme ne donne une vision que pour attester la certitude de cette double réalité: l'Epoux et l'épouse ! En tout cas son étude, et sa pratique apporte le plus cinglant démenti à toute l'idéologie moderne prétendant la réduire à une prière naturelle, avec toutes les faiblesses de cette dernière.  Sans être des docteurs, mais en étant des acteurs héroïques, le Saint Curé d'Ars comme Saint François d'Assise sont d'aussi grands maîtres de la mystique que Saint Jean de la Croix!   

 

Conclusion.

Le terme de "prière" est un terme équivoque, tant dans le domaine de la psychologie que de celui des sciences sociales en général, et plus encore au regard de la différence des religions. La prière catholique est une activité propre au fidèle catholique. De même que la doctrine de la liturgie est la doctrine de la Foi, de même la doctrine de la prière est  inéluctablement la doctrine de la liturgie et de la foi. Si l'on apprend à connaitre la Foi, la liturgie et les grands modèles catholiques du passé comme le Saint Curé d'Ars, l'on comprend ce qu'est la prière catholique, et on mesure alors le degré de désinformation qui est pratiqué à son sujet en ce temps de délire syncrétique aussi stérile que désespérant.     

 

JEAN CHAUDIERE (C) octobre 2012

TOUS DROITS RESERVES

 

 

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17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 00:24

 

 

Citation:

1 Alors des Pharisiens et des scribes venus de Jérusalem s'approchent de Jésus, disant :
2 " Pourquoi vos disciples transgressent-ils la tradition des anciens? Car ils ne se lavent pas les mains lorsqu'ils mangent. "
3 Il leur répondit : " Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu par votre tradition?
4 Car Dieu a dit : Honore ton père et ta mère; et : Quiconque maudira son père ou sa mère, qu'il soit puni de mort.
5 Mais vous, vous dites : " Quiconque dit à son père ou à sa mère : Ce dont j'aurais pu vous assister est offrande, —
6 n'a pas à honorer (autrement) son père ou sa mère. " Et vous avez mis à néant la parole de Dieu par votre tradition.
7 Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit :
8 Ce peuple m'honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi.
9 Vain est le culte qu'ils me rendent, donnant des enseignements (qui sont) des préceptes d'hommes. (Mat. Ch. 15, traduction Crampon)

           1. - NSJC enseigne par des comparaisons la nouvelle Réalité dans laquelle nous devons nous insérer, en nous unissant à Lui.  Il exclut donc le manichéisme des rationalistes modernistes, qui oppose le monde l’histoire et du social, et la monde croyant et de la foi, l’esprit conciliaire ; lequel est actuellement la "théologie de la libération".

            Il exclut pareillement le confusionnisme, visant à l’assimilation, entre le divin et l’humanité, selon la philosophie naturaliste et profane, laquelle correspond actuellement au traditionalisme de type «primordial» de Benoit 16.

Ici, il en rappelle un aspect particulier, la « norme » surnaturelle, traduit par Crampon en « commandement » , sur la dimension personnelle, -honorer ses propres parents, -  et quotidienne et pratique des effets de l’Amour surnaturel.  Son support est la Loi écrite dans la Torah.  La norme est IMMUABLE. Seule sa formulation doit être traduite dans l’exacte langue de chaque époque. 

2. - Or les « paroushim » («séparés» des mécréants, bouffis d’orgueil)  se moquent bien de cela. Ce qui leur importe est la « tradition des anciens », la religion orale fabriquée par eux, sur leur initiative d’interprétation humaine certes dissimulée par la soumission aux précédents rabbis ayant interprété. Mais cette religion a abouti à instaurer une nouvelle lettre, contre l’Esprit-Saint incarné dans la lettre de la Torah. car elle a forgé notamment les 613 mitzwôt, les lois régissant chaque détail de la vie prosaïque ; ici se laver les mains, avant de passer à table. Ils ont opéré un renversement dialectique de l’esprit et de la lettre, entre la Norme révélée et l’herméneutique rationnelle.   

             Dans l’exemple qu’il choisit, NSJC leur dit « vous supposez, que ce dont  l’enfant       aurait pu    secourir ses parents, cela doit être interprété, qualifié, métamorphosé, en « offrande sacrée, cléricale, » selon votre souveraine interprétation,  messieurs auto-proclamés de l'herméneutique religieuse ou "loi orale".

3.- Cette « tradition vivante » cette  « pastorale sociale »  , sans cesse renouvelée,  est donc taxée de Divine, - « loi orale » supérieure à la seule loi écrite d’origine et excluant donc d’éventuelles nouvelles prophéties-   ;  cet  « esprit saint » est  canalisé, réduit aux limites de l’interprétation des seuls clercs « paroushim ». Sous un prétexte sapientiel et raisonnable aujourd’hui, - cf. le concept d'hellénisation de la Foi invoqué par Benoît 16- , ils ont décliné dans leur secte le renversement dialectique inauguré par les Pharisiens post-exiliques.  Cet « Esprit »  anéantit en fait, la Réalité divine nouvelle de NSJC, qui a été préparée par la Norme écrite dans la Torah, expliquée, confirmée  et annoncée par les prophètes. Lesquels sont remplacés aujourd’hui par les saints de l’Eglise. Et les « Séparés » de l’époque,  invoquent l’autorité sociale des Anciens comme d’autres assoiffés de pouvoir social,  invoquent une autorité magique de l’infaillibilité d’un gourou. 

En conclusion:   NSJC nous fait comprendre au contraire, que les adeptes sectaires de la fausse « tradition vivante », interprétative, de Vatican 2 mettent à néant la Parole de Dieu,  immuable, la Parole; tandis que la véritable, consistant en l’insertion sans confusion magique ou superstitieuse, entre l’ordre naturel et le Surnaturel,  ni sans séparation rationaliste des deux. Cf. le Concile de Nicée et de Chalcédoine, et par le Pape Léon le Grand,  dont l’autorité est bafouée avec affront par tant d'intelligences égarées.  

 

 

 

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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 21:47

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A titre de matière analytique de cette petite étude synthétique, nous utilisons notamment  le Petit catéchisme de la vie d 'oraison

du RP Gabriel de Saint Marie Madeleine OCD, (Editions Lethielleux 1946) (LES CITATIONS SONT REPRODUITES ET INSEREES EN GROS CARACTERES).

 

Nous limitons cette étude de la prière à sa quintessence qui est l'oraison mentale, car la prière composée 

qu'elle soit récitée extérieurement,  ou chantée, 

qu'elle soit individuelle ou collective,    

et qu'elle soit enfin privée ou liturgique et notamment lors du Saint Sacrifice de la Messe

n'est que l'expression verbale, consacrée par l'Eglise, de l'oraison mentale, à laquelle le baptême envoie chaque fidèle, qu'il le veuille ou non. L'oraison mentale met en présence deux acteurs.  

 

     SES ACTEURS.

 

    Dieu     

Il ne s'agit pas de n'importe quel Dieu, d'un Dieu philosophique sous l'une de ces infinies idées, ou du divin soi-disant ressenti, ou des multiples divinités issues de visions culturelles variées de l'humanité dans l'espace et dans le temps. C'est de la Sainte Trinité qu'il est question, et elle inhabite dans l'âme. La Trinité est le Dieu Unique révélé aux termes de l'enseignement de l'Eglise Catholique. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont présents. Ceci est la source de la grâce sanctifiante dans l'âme.

Mais outre cette présence, et simultanément, le Saint Esprit octroie des dons particuliers à l'âme. Il n'existe nulle contradiction entre ces deux réalités expliquées par Saint Thomas d'Aquin. La Grâce habitant dans l'âme n'est pas la pseudo "tendance" que les néos-modernistes herméneutiques actuels imaginent y voir.  

 

    Le fidèle 

l'âme humaine est la forme,  le plan, "l'information", l'idée, le principe immanent présidant à la vie à la préservation de l'organisme humain. Par le truchement des facultés psychiques supérieures de son âme, l'homme consent par sa volonté, et acquiert l'intelligence de cette capacité d'adhésion sui generis, qui est matériellement et notamment psychologique, mais qui est formellement surnaturelle car donnée par Dieu Révélé. Cette âme devenue fidèle reçoit alors un "caractère" lors du baptême, puis de la confirmation; elle doit être en état de grâce afin de pouvoir exercer en plénitude la prière catholique, avec toute l'efficace voulu. C'est en ce sens qu'elle doit être habitée par la Grâce sanctifiante.

 

    I. -  LES INSTRUMENTS PSYCHOLOGIQUES 

DE LA CONTEMPLATION CATHOLIQUE  

 

 

 

I. La prière est une activité mobilisant les facultés d'attention, d'habitude, de mémoire, d'imagination, de jugement, d'intelligence et de volonté. Au lieu d'être une conversation avec une personne humaine:      

L’oraison est une conversation avec Dieu, dans laquelle nous lui manifestons les désirs de notre cœur. L’oraison peut être vocale ou mentale.

             Celle-ci consiste à parler « de cœur » à Dieu, non plus avec des formules préparées ou apprises de mémoire, mais d’une manière spontanée.

             Dans cette forme d’oraison nous pouvons aussi manifester à Dieu tous les désirs que nous avons dans le cœur ; d’après les enseignements de sainte Thérèse de Jésus, une âme contemplative préférera Lui dire qu’elle l’aime ou que, du moins, elle désir L’aimer.

 

II. L'oraison mentale est spécifiquement une conversation où l'on parle d'amour avec Dieu. Elle est un rendez-vous d'amour. 

 Parce que l’amour est la substance de la vie contemplative. Selon sainte Thérèse, les âmes contemplatives doivent devenir des amies intimes du Seigneur ; et l’amour, précisément, fait fleurir l’amitié et introduit dans l’intimité. En outre, sainte Thérèse veut qu’en allant à l’oraison, nous soyons convaincus que Dieu y invite à l’aimer et que nous nous y rendions pour répondre à cet appel

 

III. C'est uniquement à titre de nourriture de cette conversation amoureuse, issue de rendez-vous habituels, et faite d'attention, que la mémoire ou l'intelligence y sont convoquées.   

 

       Pour aimer Dieu, il faut penser à Lui. Toutefois la pensée de Dieu pourra varier beaucoup, selon les cas. Tantôt elle consistera en une réflexion [intelligence] quelque peu prolongée sur l’amour de Dieu pour nous, tantôt ce sera un simple souvenir [mémoire] de l’amabilité du Seigneur et de sa bonté. Par conséquent, dans l’oraison, nous pensons seulement pour aimer, pour nourrir l’amour.

 

IV.  Cependant cette conversation ne possède par pour origine, pour nature, et pour finalité l'amour sensible.  

           L’amour sensible consiste dans un sentiment qui nous porte affectueusement vers une personne et nous fait éprouver du plaisir en sa présence ou son souvenir

 

V.  Sa cause, son essence et son but consistent en un amour de volonté pour Dieu. L'oraison mentale est un exercice mettant en oeuvre principalement, la faculté de libre volonté.

          L’amour de volonté consiste à « vouloir du bien » à une personne, par libre choix et détermination de notre volonté. Puis, quand cet amour prend toute l’âme, on veut alors appartenir à la personne aimée et lui consacrer sa propre vie

        Dans la volonté réside notre liberté et c’est précisément avec elle que nous nous donnons à Dieu. Pour cette raison, Dieu demande à l’homme « le don de sa volonté ». La pleine consécration de l’homme à Dieu consiste en ce don total.

 

VI.  Néanmoins l'oraison mentale utilise l'amour sensible à titre secondaire, aléatoire:  

 

L’amour sensible est un complément d’importance fort secondaire. Du reste, il ne dépend pas de nous de l’éprouver, tandis qu’il dépend de nous d’aimer avec la volonté.

 

Mais cet amour sensible, qui paraît si extraordinaire de prime abord dans l'oraison mentale, est néanmoins précaire:

Nous le désirons pour sa douceur et parce qu’il nous apporte réconfort et consolation. Mais justement pour cela, dans l’amour sensible, nous nous cherchons souvent nous-mêmes, tandis qu’avec l’amour de volonté nous cherchons Dieu. Il supprime souvent en nous l’amour sensible pour nous faire marcher plus résolument avec la seule volonté.

 

La vocation de l'amour sensible dans l'oraison doit en fait aider l'amour de volonté à se renforcer.

       Si l’amour sensible s’y joint, au lieu d’y chercher notre plaisir, nous profiterons de son aide pour renforcer notre volonté dans son acte de se donner à Dieu. L’amour sensible venant à manquer, nous poursuivrons la route avec la volonté seule.

                     

    JEAN CHAUDIERE (C) octobre 2012

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24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 12:16

 

MANUSCRITS, HISTOIRE ET EXEGESE...

 

A. L ARGUMENT PAPYROLOGIQUE : ENCORE LES MANUSCRITS DE QUMRAN:

Nous citons ici encore un article extrait du bulletin du 4° t. 2003 de la Association Jean Carmignac. Ce texte est de l'Abbé Jean CARMIGNAC

Dans l’hiver 1947, un bédouin cherchant une chèvre qui s’était perdue dans les

rochers , a lancé un caillou dans un trou et se caillou en retombant a cassé quelque chose en faisant du bruit. Entendant cela il a été chercher un de ses cousins : les deux hommes se sont fait la courte échelle pour atteindre le trou, et de l’autre côté, ils ont trouvé des jarres cassées, avec des morceaux de cuir. Pensant que ce cuir pouvait toujours être utile, ils l’ont porté à un cordonnier. Ce dernier ne pouvait s’en servir : il était trop abîmé, mais il remarqua des lettres écrites sur ce cuir ; et comme il était chrétien (de rite syriaque) il le donna à son évêque lequel fit appel à des spécialistes. Il s’adressa d’abord à l’Ecole Biblique de Jérusalem. Un des Pères de cette école alla sur place, reconnut qu’un des textes était un fragment du prophète Isaïe et revint enthousiasmé par ce qu’il venait de découvrir. Seulement les autres Pères de l’école biblique se sont moqués de lui : « Ce n’est pas possible, ont-ils dit ; on n’a jamais trouvé de manuscrits anciens en Palestine, c’est un faux… », si bien que l’autre n’a pas osé y retourner, et qu’ils sont passés à côté de la découverte. Voyant que les Français ne s’y intéressaient pas, l’évêque syrien écriit aux Anglais qui n’ont pas répondu, puis aux Américains. Sa lettre tomba entre les mains d’un sous-ordre qui était bon photographe. Il alla sur place, prit des photos du document, les fit parvenir à Allbright qui était le principal archéologue américain et qui estima que c’était « la plus grande découverte archéologique des temps modernes ». Dès lors tout le monde s’y intéressa : l’Etat d’Israël, propriétaire des manuscrits a bâti un musée spécial à Jérusalem pour les présenter aux visiteurs.

Il y a aussi plusieurs centaines de manuscrits coupés en petits morceaux qui sont dans le musée Rockfeller. Vraisemblablement, ceux-là, on ne vous les montrera pas, car tant que les manuscrits ne sont pas édités, ils restent au secret. JEAN CARMIGNAC

____________________

Ce n’est pas possible...

« Ce n’est pas possible, ont-ils dit ; on n’a jamais trouvé de manuscrits anciens en Palestine, c’est un faux… » Les conséquences sont exposées ici et elles auraient pu faire passer l’humanité entière à côté de « la plus grande découverte archéologique des temps modernes ». Et si parce qu’il « n’est pas possible » de retrouver à Qumrân la moindre trace des Evangiles « parce que ceux-ci n’ont pas été mis par écrit avant 70 », nous étions en train de risquer le même genre d'erreur ?

fin de la citation.

       Note:  On peut douter de l'exploitation des parpyrus en question, car l'institution du Musée Rockfeller ne paraît pas particulièrement dédiée à la défense des origines authentiques des Evangiles...

 

B.- UN ARGUMENT DE SILENCE : SAINT PAUL UN AUTEUR AUXILIAIRE

Malgré l'ambivalence de ce type d'argument, il peut être invoqué quant à celui de Saint Paul. Dans la matière de ses multiples Epitres, il précise, il commente, il développe les effets, il réfute. Il a conçu, il a rédigé, il a proclamé une oeuvre auxiliaire à une oeuvre principale. Cette oeuvre principale est désignée par lui par "l' heureuse annonce" ; elle est désignée par son sujet et par sa matière, sa narration, son attestation, et non par la littérature, ou par le langage qui la soutient et encore moins par les documents écrits. Bien que dans une de ses épîtres il évoque les "rouleaux" qui doivent être emportés. Il est évident donc que l'objet de "la nouvelle heureuse", (l' évangile) outre la mémoire récente des événements, avait été mise par écrit dans une société de l'écrit sacré, qu'est celle d'Israël, comme l'attestent les découvertes des manuscrits de la Mer Morte, dès lla prédication de Jésus.  

      

C.- UN ARGUMENT DE PHILOLOGIE

Cet argument issu des travaux de l'abbé Jean CARMIGNAC, de ceux de Claude TRESMONTANT, a été rappelé depuis par maints auteurs, et ainsi résumé dans le bulletin de l'Association Jean Carmignac, numéro de 2003:

Il existe dans les évangiles un style syntaxique, un code syntaxique et un vocabulaire, qui sont ceux non pas du grec populaire ou "koiné" du premier siècle finissant, ni non plus du grec mal écrit. Ils appartiennent à une langue grecque correcte, mais qui décalque le vocabulaire, la syntaxe et le code syntaxique de l' hébreu classique de la Septante, c’est à dire d'une langue non plus contemporaine du 1ier siècle, mais datant des trois ou quatre siècles précédents.

 A cet égard, l' on constate que le vocabultaire de la septante, doit transcrire divers concepts hébreux; et parfois pour ce faire, la traduction grecque est forcée d'helléniser des mots hébreux non susceptible de traduction littérale , car non transposables intellectuellement. La mentalité sémitique diffère profondément de la mentalité européenne. Par exemple son rapport au temps, et à l'histoire n'est pas identique dans les deux univers.'

 Sur la forme : c’est une langue sacerdotale c’est la langue d un prêtre du Temple, saint Jean est kohen, selon toute vraisemblance.

 

D.- UN ARGUMENT D HISTOIRE

Il a été formulé par Mme Sordi et publié dans le bulletin de l'association Jean Carmignac

citation ci après :

L’usage du nard en Satiricon 77, 7 ; 78, 2 et Marc 14, 3-9

Mais Trimalcion n’est pas du tout sur le point de mourir, au contraire, il affirme lui-même qu’un astrologue lui a prédit qu’il vivrait encore trente ans (78, 1), et tout semble prouver qu’il croit à cette prédiction sans aucun doute. Tout cela laisse alors supposer que l’image de la « dernière cène » dont Trimalcion marque son banquet, puisse être une fois encore interprétée comme un renversement parodique du texte de l’Evangile.

Ilaria Ramelli. 

(à suivre)

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 21:27

verset 25 : Et voici qu'un docteur de la Loi se leva, et, pour l'embarrasser, lui dit: " Maître, que dois-je faire pour posséder la vie éternelle? " 26 Il lui dit: " Qu'y a-t-il d'écrit dans la Loi? Qu'y lis-tu? " 27 Il répondit: " Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout coeur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton proche comme toi-même. " 28 Il lui dit: " Tu as bien répondu: fais cela et tu vivras. " 29 Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus: " Et qui est mon proche? " 30 Jésus reprit et dit: " Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho; il tomba entre les mains de brigands qui, après l'avoir dépouillé et chargé de coups, s'en allèrent, le laissant à demi-mort. 31 Or, par hasard, un prêtre descendait par ce chemin; il le vit et passa outre. 32 De même un lévite aussi vint en ce lieu, le fit et passa outre. 33 Mais un Samaritain, qui était en voyage, vint près de lui, le vit et fut touché de compassion. 34 Il s'approcha, banda ses blessures, y versant de l'huile et du vin; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit dans une hôtellerie et prit soin de lui. 35 Le lendemain, tirant deux deniers, il les donna à l'hôtelier et lui dit: " Prends soin de lui, et ce que tu pourrais dépenser en plus, c'est moi qui te le rembourserai à mon retour. " 36 Lequel de ces trois te semble avoir été le proche de l'homme qui était tombé aux mains des brigands? " 37 Il dit: " Celui qui a pratiqué la miséricorde envers lui. " Et Jésus lui dit: " Va, toi aussi fais de même. "

 

 

La Vie éternelle, démontre qu'il s'agit d'une ontologie nouvelle qui se surajoute à la vie humaine naturelle, et non pas une simple axiologie affectant la conduite. Elle relève de la "physis" , de l'identité, de l'ontologie naturelle ET surnaturelle,  et non pas de la "nomos" , de la simple normativité  comme cela est ancré dans les esprits depuis la Réforme au 16ième siècle, sans remonter plus haut.

Notre-Seigneur Jésus-Christ répond que la porte d'entrée dans cette nouvelle

identité - il précise dans bien d'autres endroits surtout dans l'Evangile de Saint Jean, - est d'aimer Dieu. Cet "amour" de Dieu doit être réalisé du côté du fidèle avec la plénitude de tout son "coeur", c'est-à-dire de toute sa "neshama" qui est l'intelligence abstraite, de toute son "âme", c'est-à-dire de sa "nefesh" qui est toutes ses facultés psychiques, (mémoire, jugement, imagination),  de toute ta force et de tout ton esprit, qui est le "ruah" c'est-à-dire la volonté, de la conscience imprégnée de volonté.

On peut se rapporter à ce sujet à la lecture du passage du Semeur...

En outre, à cet individu qui prétend comme tous les Juifs actuels que Notre-Seigneur n'aurait  rien apporté de nouveau au talmudisme naissant de l'époque, et lui tend un piège sur le prochain qui dans sa religion est circonscrit exlusivement au prochain juif, Il répond par la comparaison du "bon samaritain".

Dans cette comparaison, l'on voit un lévy et un cohen ignorer le juif victime de l'agression, alors qu'ils auraient dû le secourir puisqu'ils sont entre juifs, et au contraire un samaritain, un hérétique, schismatique, et renégat, prendre soin du blessé. Contrairement à ce qui est sans cesse retenu de cette comparaison, ce n'est pas ce juif blessé qui serait le prochain du samaritain , lequel serait censé camper un modèle moral et  le "juif idéal" donné en modèle aux juifs de l'époque et au chrétien d'aujourd'hui.

 

Au contraire, NS JC enseigne à son interrogateur que la problématique doit porter sur le "moi", sur le sujet dont on parle et qui interroge, sur le fidèle en question: de qui, le juif blessé s'est il rendu prochain ?

Cela signifie que le problème est pris sous l'angle du concret, du singulier, du réel, du particulier. Et surtout, c'est au fidèle qui manifeste ce scrupule mystique et éthique de se placer, spontanément, de lui-même, dans le coeur de la question; il s'agit d'un défi qui lui est opposé personnellement: c 'est à lui de savoir s'il est ou devient prochain de tel ou tel homme. Et enfin, NS JC enseigne que le fidèle doit se transformer, lui en question, en prochain de tout homme, et toute personne, de tout juif, et de tout non juif ! Voila une révolution considérable.

Dès, lors, une fois cette conversion accomplie, il n'aura plus à s'interroger de manière abstraite, intellectuelle, ou idéologique sur le nombre, la qualité, ou les modalités du "prochain" auquel il se trouve confronté.

NS JC conclut en  ordonnant au juif qui le questionne d'effectuer ce retournement intérieur: rends-toi le prochain de TOUT être humain quel qu'il soit.

 

On constate qu'ainsi par cette doctrine, il apporte une réfutation cinglante à toutes les théories multiples et variées et à toutes les idéologies abstraites, chimériques et hypocrites, qui bâtissent des morales théoriques et fausses sur un "prochain" théorique, abstrait, qui serait tel ou tel immigré, chômeur, exclu particulier, de telle ou telle catégorie, de telle époque et de tel lieu...Ces abstractions servant à échafauder des idéologies  aussi  totalitaires que mystificatrices.  

 

Et enfin nous terminerons par une dernière considération: cette doctrine concrète, réaliste, sincère,  si elle affranchit des dérives idéologiques, ne forme  pas non plus, elle-même pas une  abstraite morale du devoir. Cet amour du prochain, c'est-à-dire c'est amour que nous devons à tout homme, en tant que c'est nous, qui  sommes le prochain de tout homme, 

découle du fait que nous aimerons Dieu par toutes nos facultés humaines et psychiques, et que de cette façon, nous comprendrons avec intelligence, nous constaterons, et nous ressentirons que nous sommes de façon nouvelle et authentique les prochains de tout homme !

 

Voilà encore une fois souligné l'immense vérité où s'enracine cet "amour" chrétien si méconnu et falsifié aujourd'hui encore...

 

JEAN CHAUDIERE.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 22:58

http://www.encyclopedie.bseditions.fr/image/article/vignette/FR191PEIFLANDRI002.jpg 

En son analyse fondamentale de la démocratie et de la Révolution, Tocqueville pose comme axiome de philosophie sociologique et politique que le genre humain verrait l'égalité entre les individus comme l'idéal, le but, et le destin de toute société. L'égalité pourrait se réaliser au sein d'une société  politiquement démocratique, malgré les risques de tyrannie qui seraient inhérents à cette société ayant tourné définitivement le dos à la société hiérarchique. L'échec de l'égalitarisme en période révolutionnaire ne serait qu'une démonstrario a contrario, une conjoncture révolutionnaire n'offrant pas par définition les conditions de possibilités et les circonstances nécessaires à la mise en oeuvre de l'égalité, faute des deux contrepoids, religieux et associatifs, notamment.   

Or, s'agissant de confonter cette analyse avec le Christianisme, il est commun de croire à cette idée reçue selon laquelle la valeur d'égalité de la société démocratique (Tocqueville) procèderait de l'héritage évangélique. Celui-ci revu et corrigé en réalité par l'idéologie ébionite profressée par une secte de Judéens christianisants au début du second siècle.

Ayons l'audace de nous tourner directement vers l'enseignement de Notre Seigneur Jésus Christ, sans passer par l'enseignement de l'Eglise qui en fait  le contredit, pour  mesurer à quel point ce poncif  s'avère faux.

En l'Evangile sur la bouche de Saint Luc, au chapitre 9, versets 46 à 48, il est attesté ce qui suit:  

  • Or, une préoccupation entra dans leur esprit, savoir lequel d’entre eux pouvait bien être le plus grand.
  • Jésus, voyant la préoccupation de leur cœur, prit un enfant, le plaça près de lui
  • et leur dit : « Celui qui reçoit en mon nom cet enfant, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé ; car celui qui se trouve être le plus petit parmi vous tous, celui-là est grand. »
  •  

Dira-t'on que, parce qu'ils auraient été immergés dans une société antique, quintessence de la société hiérarchique traditionnelle que les disciples du Sauveur n'auraient pas même eu conscience d'une société égalitaire, et que dès lors, leur absence d'aspiration en ce sens démontrerait le caractère historicisé, contingent et particulier et relatif de leurs préoccupations ?  Et que la réponse de leur Maître, entachée des mêmes caractères aujourd'hui caducs, serait justiciable d'une herméneutique de l'égalité par le bas?

Il n'en n'est rien. En réalité Tocqueville lui-même distingue l'égalité comme réalité toujours en devenir social et politique d'une part et l'égalité comme valeur sociale toujours en tension, en valeur désirée perpétuellement,  enjeu de frustration récurrente, et défi de réalisation politique concrète.

Examinons la réponse du Sauveur.  Dans ce concours,  ouvert par ses disciples, du pouvoir hiérarchique suprême, il désigne un modèle de la plus grande faiblesse parmi la société des hommes: un petit enfant n'ayant certainement pas atteint l'âge de raison.

Ensuite, il enjoint à ses apôtres et donc à tout homme, de "recevoir", d'"accueillir", donc de le considérer, de lui témoigner de l'attention, de la "considération", du respect. il n'enseigne pas un nivellement des grands vers la base, un rabaissement de certains vers une moyenne égalitaire, comme l'envisage précisément la philosophie de l'égalité, pour ne pas l'idéologie égalitariste.Il ne se range pas parmi les  révolutionnaires, ou les anarchistes, qui d'ailleurs clament si haut et fort qu'il n'est pas des leurs !  

Il se tourne au contraire à l'opposé des obsessions humaines : il élève en dignité le plus bas de l'humanité; c'est à dire ceux qui ne sont pas partie au débat démocratique de toutes les manière comme on le voit avec les handicapés, les foetus humains, les exclus quels qu'ils soient; ici il prend l'exemple du petit enfant qui n'a pas droit à la parole, et dont seulement la présence est tolérée dans le cercle des adultes.

 

 

 

JEAN CHAUDIERE  25 février 2012

 

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 21:38

Décidément, la parabole du Semeur que nous a enseignée  Notre Seigneur est d'une richesse d'enseignement inouïe. Et nous ne parlons même pas des commentaires extraordinaires qu'en ont donnés les Pères de l'Eglise.

Nous autorisant en quelque sorte d'une réflexion d'Etienne Gilson, selon lequel, l'Ecriture Sainte a été révée au sens propre, ce qui est évident s'agissant du reportage qu'ont effectué les évangélistes concernant Notre-Seigneur, nous sommes libres d'exercer notre raison, d'utiliser des analogies, et tirer les conséquences de cette parabole.

Son objet est de mettre en évidence:

- ce qu'est "la Révélation", l'"information" ontologique, génétique, la chose surnaturelle qui est communiquée par Dieu à l'humanité et qui l'a été un jour au tour de l'an 30 en Judée, et non pas communiquée par " Dieu" ou le " Divin ",  de manière seulement naturelle, anhistorique, uniquement psychologique, ethnologique, et simplement dans un aujourd'hui de la croyance qui serait exclusif et qui évacuerait précisément cet événément historique hors du commun qui heurte autant l'esprit contemporain, à l'extrémisme cartésien, et devenu nihiliste et desespéré. Il s'agit d'une chose similaire à un gène nouveau, un germe supérieur, une sorte de vaccin thérapeutique,    

- ce qu'est l'homme qui accepte ou refuse cette véritable greffe, comme l'indique Saint Paul nous enseignant que la Grâce substantielle est entée sur l'homme naturel, et que surtout c'est cette greffe, qui regénére l'ancien organisme en un organisme renouvelé comme l'arbre sauvage stérile est métamorphosé en arbre qui donne beaucoup de fruits.

Il ne s'agit pas ici d'une simple analogie de nature éthique; en effet, la morale naturelle n'a pas besoin de Révélation  temporelle, hébraïque ou Chrétienne, car la conscience serait un instinct divin d'après Rousseau; il ne s'agit pas non plus d'une analogie de caractère psychologique, -  un sentiment religieux - , mais  presque d'une similitude entre deux cas paralllèles d'essence ancienne mutée en essence nouvelle.     

- et reliant les deux, les conditions de possibilité gouvernant la communication ou la non-confirmation de l'information.

Analyons donc en cette perspective, le contenu de la "parabole".  

LES QUATRE PREMISSES CONTENUES DANS LA COMPARAISON:

Tout d'abord,

- nous suivons la traduction du chanoine Crampon - Notre Divin Rédempteur nous enseigne (ch. 8, 11-12):

"La semence, c’est la parole de Dieu. Ceux qui sont le long du chemin sont creux qui ont entendu ; ensuite le diable vient, et il enlève la parole de leur cœur, de peur qu’ils ne croient et ne se sauvent."

N.S-.J.C. identifiera tour à tous les quatre factultés mentales qui sont concernées par la Révélation qu'Il nous donne: il s'agit en première instance, de l'intelligence.  L'homme "entend", il entend par l'intelligence; "La foi vient de l'ouïe" dira Saint Paul. Car dans le substrat hébreu de la parole du Divin Maître, le mot traduit en français actuel par "coeur" signifie précisément siège de l"intelligence". Dans la culture hébraïque qui a servi de cadre de La Révélation, on parle d'une des trois composantes de l'esprit humain: "neshama".

 Or la fragilité humaine étant ce qu'elle est, nous savons aussi que l'intelligence, et ce par définition, divise artificiellement toute chose concrète, qui est nécessairement indivise. Henri Bergson, pour n'évoquer que, lui a amplement souligné cet effet dissolvant du réel que l'on doit imputer à l'intelligence. Notre Divin Rédempteur accuse  de manière elliptique et en apparence déconcertante, directement Satan en la matière. C'est que si Satan est le maître sur terre de l'humanité pécheresse c'est qu'il en distillant l'orgueil, il est le maçon qui démolit sur le terrain de l'intelligence, le morcelle, et le relègue en jachère inculte.  

En l'espèce, l'intelligence  consiste donc en la première faculté nécessaire, pour accepter de recevoir l'information sur-naturelle.  

Ensuite,

(ch.8, verset 13) Ceux qui sont sur de la pierre sont ceux qui, en entendant la parole, l’accueillent avec joie ; mais ils n’ont point de racine : ils croient pour un temps, et ils se retirent à l’heure de l’épreuve.

Notre Divin Sauveur nous apprend qu'il faut ajouter, chez ceux qui "entendent"  l'intervention d'une seconde faculté qui est celle du jugement. L'homme doit exercer son jugement non pas dans le cadre de la géomètrie, pour parler comme Pascal, mais dans celui du coeur, de l'intuition; Un jugement intuitif où le bon sens discipline "la puissance trompeuse" que constitue l'imagination, et  même s'il ne la renie pas. Cela correspond dans la culture temporelle de N.S.-J.C.  à ce que l'on nomme en français "âme", au "nefesch", à la psychologie,  à l'affectivité. Mais chacun voit que les souffrances de la vie détruisent aisément cette joie trop humaine, altèrent ainsi le jugement ayant guidé  un temps la Foi, et que l'intelligence qui avait scrupuleusement "entendu" et mis à l'écart Satan demeurera en définitive stérile.     

Le jugement,  exercé de façon stable, forme ainsi la seconde factulté nécessaire.

Puis encore,

(ch. 8, v. 14 )Ce qui est tombé dans les épines, ce sont ceux qui ont entendu, mais vont et se laissent étouffer par les sollicitudes, les richesses et les plaisirs de la vie, et ils n’arrivent point à maturité

  L'homme avait  pu "entendre" La Révélation, comprendre le Nouveau germe par "neshama", et il a parfois été capable de dépasser la déception de ne plus ressentir cette joie d'un moment qui est celle des commençants, par sa force d'âme "nefesh", mais il doit exercer sa volonté, factulté mentale fondamentale s'il en est, dont découlent en particulier l'attention, la constance, la force, la stabilité, l'opiniâtreté. N.S.-J.C. nous enseigne qu'il doit exercer sa volonté pour persévérer et pour fructifier, contre les forces contraires de notre nature:  l'habitude qui est viciée par l'instinct, l'utilitarisme prosaïque de l'existence, la faiblesse du caractère face aux sollicitations de ce monde. Il demeure docile à ce que la culture hébraïque "le ruah" l'"esprit", troisième composante du psychisme humain.   

La volonté constitue la troisième faculté nécessaire.   

      Enfin,

(ch.8, Verset 15) "Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui, après avoir entendu la parole avec un cœur noble et bon, la gardent et portent du fruit grâce à la constance".

Notre Divin Rédempteur récapitule: le fidèle qui a compris  par son intelligence triomphant de l'orgueil congénital, qui a su dresser son jugement empli de Charité, d'Espérance et de Certitude, pour résister aux malheurs de la vie, qui a persisté en faisant épouser sa volonté,  son souffle, dans la fidélité ("hessed") à son enseignement, ces  trois conditions étant  alors remplies il peut encore utiliser la quatrième faculté nécessaire, et qui sera, elle, dès lors suffisante, la mémoire.  Le fidèle garde, conserve le Dépôt durablement en lui, comme il demeure, lui durablement dans la Semence. Le grain semé ne forme la Parole de Dieu,  parce qu'elle est uniquement créatrice de vie divine, instrument de communication de vie divine, semailles de gène surnaturel nouveau qui peut  dès lors,  -  mais comme il le doit  surtout par nature,  -   féconder, se greffer au bon terrain.  

 La mémoire est donc la quatrième faculté suffisante pour recevoir la Nouvelle Création Rédemptrice.

 

LES CONCLUSIONS A TIRER  DE CES PREMISSES

 

De cette analyse, nous pouvons retirer au moins deux enseignements: La Vie Divine est une réalité supérieure et extérieure à la pensée humaine, et c'est cette Vie divine ainsi comprise, de manière génétique, (cf .Claude Tresmontant) qui est offerte à tout homme.  A cette affirmation l'on peut résumer tout l'enseignement de Notre Divin Maître. Mais cela signifie à titre de corollaire que l'homme n'est lui-même qu'un "terrain".

Quelle est la liberté pour un grand malade?

L'être humain est une créature de Dieu, il constitue au prisme de cette analogie du Semeur enseignée par le Bon Dieu, un terrain plus ou moins  incompatible, hostile, favorable, ou réceptif. De même qu'un germe extérieur à un organisme humain peut chercher à s'y introduire, à lui nuire, mais d'une manière positive et plus adéquate, qu'un médicament ou un vaccin est administré au patient afin que son organisme l'assimile et s'en trouve guéri et regénéré,  La Révélation que la Vie divine peut être re-créée à l'échelle de chaque homme de bonne volonté, correspond à un processus analogue. Dans le premier cas, une greffe naturelle est administrée et il en résulte un renouveau, dans le second cas, une greffe naturelle et surnaturelle est donnée et reçue,; il en résulte un homme doté d'une ontologie nouvelle, et non pas un "gentil chrétien" qui tend désormais sa joue gauche de manière névrotique, ou qui s'émerveille de façon niaise du spectacle de la nature, ce que tout homme est apte à faire sans la Révélation chrétienne. 

Dès lors se trouve mise à nue toute la problématique de la liberté privée et publique de conscience; cette équivoque et trompeuse "liberté religieuse" est en fait,  fondée sur le présupposé que l'homme serait "fait à l'image de Dieu" de par sa seule  raison, l'unique sentiment de sa liberté, l'exaltation narcissique de sa conscience auto-suffisante. Or il n'en n'est rien. Le texte même de la Genèse indique que l'homme a été créé de la manière que Dieu aurait voulu faire représenter son image par une statue. Or une statue a t'elle une raison autonome de celle de son créateur? a-t'elle une liberté en dehors de la volonté créatrice de son inventeur?  a t'elle une conscience distincte de celle que son auteur y a mis par le truchement de l'idée esthétique qu'il y a imprimée?  Dans la comparaison du Semeur, l'on entend N.S.-J.C. nous dire, "terre malade, inculte, en friche" tu as une chance de redevenir la terre fertile que j'ai voulu que tu sois, je t'ensemence à cette fin. Si tu remplis les quatre conditions thérapeutiques que je t'indique, tu pourras être sauvée, car alors le vaccin qui doit te guérir pour agir. 

Le bon Dieu n'est donc pas venu sur terre pour nous dire que nous étions "libres", la philosophie grecque nous a appris que nous l'étions en apparence, comme chacun d'entre nous le ressent spontanément aussi; non, il est venu pour nous dire que notre liberté de conscience et notre liberté de culte n'était pas limitée à celle de la route, de la pierre, du buisson d'épines, c'est à dire à celle de la mort en dernière analyse. C'est pourquoi le document "Digniatis Humanae" est incompréhensible dans le sens où sa signification théorique et pratique qu'on en enseigne est , loin d' "être contenue dans la Révélation", mais au contraire condamnée par avance et sans appel par Notre-Seigneur.  

La seconde leçon qu'on est en droit de discerner de cette comparaison du Semeur consiste en un développement relatif à l'intelligence de La Foi au regard des diverses disciplines en jeu.    

Le prisme de l'intelligence théologique

A la lumière des quatre facultés mentales évoquées à l'occasion de la parabole, on peut observer que la théologie forme un édifice unique édifié sur quatre piliers intellectuels qui sont fondées sur lesdites facultés.   

A la faculté de l'intelligence correspond la discipline métaphysique, et pratiquement la seule à être viable aujourd'hui, la métaphysique thomiste de l'être. Sur ce socle de l'ontologie de la création par l'être surajouté à l'essence, est édifiée la philosophie thomiste elle-même, à laquelle peuvent être jointes les autres systèmes dans la mesure où ils sont compatibles avec la métaphysique de Saint Thomas.  Couronnant cela,  apparait la théologie "thomiste" telle qu'elle s'est exercée jusqu'au premier vingtième siècle.

il est clair que toutes les métaphysiques et philosophies, telles que la théologie phénoménologique, et les formules d'inspiration heideggerienne du style "la Révélation sans l'être mais avec l'amour"  sont incompatibles avec ce qu'enseigne N.S.-J.C. et et facteurs de division comme il nous l'a appris.   

S'agissant de la mémoire, elle renvoie au reportage historique des Evangiles  - mémoire certifiée et attestée par les martyrs  - qui s'inscrivent dans le sillage de l'antique religion hébraïque. A la science historique et à ses auxiliaires, représentées par l'exégèse catholique des Ecritures, s'ajoute ensuite l'exégèse qu'en ont fait les Pères de l'Eglise, et le Magistère de l'Eglise, en un mot la Tradition Apostolique. Et sur ce pilier scripturaire et de transmission régulée par Rome luttant contre le phénomène d'entropie (cf. Claude Tresmontant) se fonde aussi la théologie catholique, conceptualisée et technicisée, par la rigueur du thomisme vu au point précédent.

Ensuite, en ce qui concerne la troisième faculté soit la volonté, elle sert de fondation à l'attestation même de la certitude intelligente de la réalité objective de la  vie divine transcendante offerte par Notre Seigneur, par son Incarnation, son enseignement "informant", sa mort redemptrice, et sa résurrection, et l'offre d'adoption qui en découle pour l'humanité. C'est sur cette Foi, ainsi authentiquement définie, que repose alors la vie de prière catholique, et les multiples doctrines spirituelles qui n'en sont que le volet théorique: les écoles ignatienne, franciscaine, carmélitaine, bénédictine, cartucienne, etc. A la prière sont liés de manière consubstantielle, les sacrements et la liturgie institués par Notre-Seigneur. Ici encore c'est à la faveur des richeses incommensurables de ces rites sacrés et de ces diverses traditions de prière que la théologie catholique se nourrit, et non pas seulement la théologie contemplative. La théologie sacramentelle en constitue un parfait témoignage

Enfin, la quatrième faculté, celle du jugement s'exprime - toujours avec ses composantes d'intuition, d'imagination, de bon sens, placées sous l'égide des quatre vertus cardinales,  -  dans l'organisation de l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique, dans sa pastorale, sa mission. Sa discipline est régie au degré au-dessus par son droit canon; les dispositions de droit divin qu'il contient en font tout naturellement également un dernier fondement en concours avec la philosophie thomiste, le Magistère de l'Eglise, et  les écoles de spiritualité catholique, à la théologie, "car on ne lutte pas juridiquement contre Dieu".   

 

En conclusion,

On le voit, comme les quatre facultés psychiques de l'homme sont essentielles à chaque fidèle pour répondre librement à sa vocation de créature, vocation qui est d'être guérie par la greffe de la semence sur-naturelle du Bien, de la Vérité, et de la Charité, en lui, de même, s'agissant du Dépôt de la Foi, comme donc de la survie de l'Eglise,  il est indispensable que la théologie catholique soit édifiée sur ces quatre fondations: philosophie, histoire, spiritualité, pastorale.  

 

JEAN CHAUDIERE, 15 janvier 2012

 

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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 23:06
Société juridique hiérarchisée, Corps du Christ,  Corps mystique, Temple du Saint Esprit, Royaume de Dieu, Communion,Peuple de Dieu, , Sacrement du monde, entité militante souffrante et triomphante, peuple des baptisés, peuple de rois et de prêtres, nouvel Israël, Peuple de la Nouvelle Alliance, Arche du Salut, personne morale de droit divin, etc. Les définitions ne manquent pas, mais l'usage et l'évolution historique de la faveur de ces multiples notions qualificatives ne facilitent pas aujourd'hui la compréhension exacte de ce qu'est l'Eglise. 

Depuis le nouvel âge conciliaire de l'Eglise, qui a l'air de redéfinir la nature même de l'Eglise, si l'on doit en croire l'invitation faite par Benoît XVI en Allemagne en septembre 2011, de " repenser la foi elle-même, et la manière de vivre la foi", l'incertitude contemporaine sur l'essence réelle de l'Eglise n'en ressort que davantage. 

 

1. L'Eglise est une "personne morale" mais laquelle ?

 

Elle consiste à tout le moins une  association, une société humaine, penchons-nous d'abord sur cette notion de groupe social qu'elle contient.      

Aux termes de son grand catéchisme, S.S. Saint Pie X évoque une "personne morale" pour rendre compte de la constitution de l'Eglise:

Citation: 163. Comment est constituée l’Église de Jésus-Christ?
L’Église de Jésus-Christ est constituée comme une société vraie et parfaite. En elle, comme dans une personne morale, on peut distinguer un corps et une âme.

Mais quel est le sens de la conjonction "comme"?  Et quel est le sens de cette notion de personne morale évoquée dans cette phrase?  Pour tenter de clarifier cette notion, nous pouvons nous tourner vers un théologien thomiste comme tel que Mgr Guérard des Lauriers qui a eu l'occasion de l'évoquer dans un article intitulé exorciser l'exorcisme (de Léon XIII) 

 Or, s'il est opportun de dénoncer, pour la mieux enrayer, la subversion, il faut d'abord reprendre conscience de l'excellence propre de ce dont il y a subversion. Le Christ-Chef veille Son Église, par Léon XIII, par Paul IV, par chaque [vrai] Pape. L'Église militante, collectif humain, auquel le Christ s'adresse par son Vicaire, n'est institutionnellement contrainte d'écouter et de se soumettre, que pour ce qui ressortit à l'institution divine ;
tandis que, comme personne morale, ce collectif humain est libre d'accueillir ou de refuser ce qui ressortit à l'institution ecclésiastique. L'Église militante a abrogé les Bulles de Paul IV, elle l'a payé et elle le paye en la personne du cardinal Montini. L'Église militante a mutilé l'Exorcisme de Léon XIII, elle le paye en la personne de Mgr. K..Wojtyla.

On peut déduire de ces observations que  "l'Eglise militante, collectif humain",  forme, en un premier sens courant, le groupe humain qui  réunit les fidèles professant la Foi catholique stricto sensu, c'est-à-dire qui se soumettent individuellement à ce qui  procède du Dépôt de la Foi d'une part. D'autre part, ce collectif humain, en tant que groupe, et par le truchement de ses représentants collectifs, se soumet de même à ce qui participe de la Révélation divine.   

Ce serait donc en ce sens qu'il conviendrait de comprendre l'enseignement de Saint Pie X, puisqu'il vise une  "personne morale" qui comporterait une âme et un corps. L'Eglise est à comprendre sous cet angle, comme le groupement catholique des individus catholiques.

 Cependant un autre théologien disciple de l'auteur précédent Mgr Sanborn écrit (revue Sodalitium mai1998) en préalable à la définition de l'Eglise :  Toute société est une personne morale et, par analogie avec la personne physique, la société a une intelligence propre et une volonté propre. Donc, il peut arriver, et il arrive souvent, qu’un fait puisse être vrai dans l’ordre réel et même absolument évident, mais que malgré tout il ne soit pas reconnu comme tel par la société.

Par exemple, quelqu’un peut commettre un homicide en présence de nombreux témoins. Même si les témoins savent qu’il est un assassin, cependant pour la loi il est réputé innocent tant qu’il n’a pas été condamné par un tribunal. Autrement dit: aux yeux de la société un individu n’est pas un assassin tant qu’il n’a pas été condamné, même s’il est absolument certain pour les témoins qu’il est un assassin et qu’il l’est en réalité.

Or cette définition obscurcit notre première clarification, car elle confond dans les mêmes termes la notion de collectif humain que nous venons de dégager, et la notion de "personne morale" dans sa signification strictement juridique d'être de droit, servant de support abstrait à l'exercice de l'autorité collective, en l'espèce celle de la Hiérarchie autour du Pape. De plus, la notion de personne morale au sens juridique est étrangère à cette  notion "d'intelligence et de volonté  (collectives) propres", que l'on ne peut attribuer que par analogie pertinente au collectif humain comme le mentionne Mgr Guérar des Lauriers dans le sillage de Sa Sainteté Pie X.

 

Et d'ailleurs sous un second rapport, c'est bien sous ce rapport exclusivement juridique, que ce dernier théologien se place lorsqu'il écrit en substance que "ce collectif humain, pris  maintenant en tant que "personne morale", est libre de modifier ou refuser ce qui est de la compétence ecclésiastique". Cet angle juridique est le seul qui éclaire la distinction fondamentale entre l'Eglise collectif humain d'une part, et l'Eglise personne jurique morale d'autre part.

La confusion ci-dessus risque donc d'engendre des déductions erronées dans la mesure où elles attribueront une cause juridique à l'affirmation d'une réalité ontologique, et inversement une raison ontologique à une réalité ecclésiastique.   

Notamment, l'article 100 du Code de droit canon de 1917 dispose en ce sens que "p.1 L'Eglise catholique et le Siège apostolique ont qualité de personnes morales par l'effet de l'ordonnance divine" et l'article 102 précise  " p.1 Une personne morale, par sa nature, est perpétuelle, elle s'éteint par l'acte de l'autorité légitime qui la supprime."

Concrètement on ne peut donc inférer de ces dispositions de caractères juridiques que des conséquences qui revêtent des caractères juridiques exclusivement. On peut en déduire des conséquences de nature ontologique.

 

2.  Or cette "personne morale",  possède un corps et une âme nous dit saint Pie X:

Abstraction faite de la personne morale du droit canon qui n'est que sa traduction parallèle et dans l'ordre de la discipline, ce corps collectif ne se réduit pas à la société humaine réunissant les fidèles catholiques, 

mais elle n'est pas non plus cette même société humaine qui aurait un caractère ontologique surnaturelle de par sa réalité de personne juridique morale, comme certains semblent en accuser l'Eglise.

En effet beaucoup de théologiens modernes assimilent la conception de l'Eglise antérieure au concile de Vatican 2 à une notion exclusivement juridique. Saint Robert Bellarmin est ainsi accusé d'affirmer que l'Eglise catholique n'était qu'une administration contre la revendication des Réformés du 16ième siècle voyant en elle le Peuple de Dieu.   

Mais de même certains contestataires du concile, traditionnalistes ou sédévacantistes, paraissent appuyer cette conception. La citation faite plus haut, de Mgr Sanborn sur le collectif humain, qui fonderait une réalité légale surnaturelle n'illustre-t'elle pas cette tendance? C'est pourquoi,  il convient de bien discerner le corps et l'âme de ce collectif; ensuite il faut faire le départ rigoureux entre cette distinction fondamentale, et l'ordre juridique, qui bien que de source divine, n'en  possèdent pas moins un fonctionnement et un destin autonomes, subordonnés, par rapport à l'ordre ontologique.

A. Qu'est-ce que l'âme de l'Eglise ?

    Le cardinal Journet affirme que l'Eglise comporte une âme créée, distincte du Saint Esprit, à l'instar de l'âme humaine créée de Notre Seigneur Jésus Christ, distincte de sa nature divine. Partant de là, il a énoncé le principe d'extensivité  de l'âme et du corps de l'Eglise. Si les pécheurs pertinaces appartiennent au corps, ils n'appartiennent pas à son âme, tandis que des non-catholiques de bonne volonté et victimes d'une invincible erreur, appartiennent à son âme.  

    Certains auteurs assurent aujourd'hui que l'Eglise ne disposerait plus dorénavant de cette âme créée. Son "âme" ne serait autre que Dieu lui-même, pris en la Troisième Personne, le Saint Esprit, qui animerait individuellement l'âme de chaque fidèle chrétien.

     D'autres thélogiens postconciliaires (Augustin Ramazani Bishwende) vont plus loin et prétendent que l'enseignement du Pape Pie XII identifiant le Corps mystique du Christ contredirait ce principe, ainsi que, plus généralement, l'image (sic) du Peuple de Dieu. La  référence au "Corps mystique du Christ" ne serait valide aujourd'hui qu' en qualité de métaphore de la notion de communion. Pour mettre en avant ce concept d' "Eglise-communion" il en allèguent son antiquité originelle chez les Pères de l'Eglise. En fait, ils innovent radicalement en le réduisant à un phénomène à double face: une unité psychologique avec le Christ, et entre eux, unité concrétisée dans une société humaine, l'Eglise, partageant par des réalités psychologiques et morales (croire en espérant en un amour)  objet d'une transmission sociologique au moyen de divers rites collectifs hérités des apôtres.   

      Notre Seigneur est allégué comme étant le "sacrement" de Dieu c'est-à-dire, -  il ne faut pas se leurrer- , sa métaphore, car ce concept de sacrement qui est une réalité spécifique dans la religion catholique par rapport aux rites des autres religions n'a été convoqué  en la présente matière, que dans le dessein de transformer la conception même de l'Eglise héritée des origines. Et cette transformation consiste précisément à dire, aussitôt après ce postulat spécieux:  l'Eglise est  devenu dans la foulée et tout à la fois, le sacrement du Christ, sacrement du salut, l'image de la Sainte Trinité. Un des acteurs centraux de cette notion, Henri de Lubac en 1938, écarte bien vite le risque, quasi-diabolique aujourd'hui, d'identifier la seule Eglise Catholique au Corps Mystique. Il définit ce "Sacrement du Salut" comme une communion. Un autre théologien conciliaire J.Hamer énonce en substance et de manière très éclairante que la notion corps mystique du Christ signifie communion "intérieure", comprendre  "psychologique" chez les croyants, et surtout que cette communion optimiste, philanthrophique, et auto-suggestive est engendrée par l'adhésion desdits croyants à la société ecclésiastique qui ne sert elle-même qu'à éduquer, normaliser et faire perdurer l'esprit et la vie collective du groupe.   

        Il faut donc retenir cette idée fondamentale contemporaine selon laquelle ce serait bien le groupe sociologique qui pérenniserait depuis les origines cette vie psychologique particulière ("intérieure", "spirituelle") des adeptes, au travers de contextes historiques - et géographiques-  différents, qui  eux fourniraient donc les normes toujours nouvelles de cet encadrement  conçu comme une oeuvre de fructification.  

         En réalité et contrairement à ces théories  foncièrement nouvelles dans le raisonnement, même si elles demeurent toujours coulées dans le langage apparemment immuable de l'Eglise, le corps collectif de l'Eglise comporte une âme, qui est sa substance, son identité, et sa forme comme l'exprime le Cardinal Journet. Avec son corps humain, elle ne forme qu'une seule entité,  entité créée, et informée par Dieu.   

         B. Quel est le rapport entre cette personne morale métaphorique et la personne morale juridique ?

         Il subsiste un important problème à résoudre. Ce corps  collectif invisible de Notre Seigneur, réunissant tous ses membres greffés sur lui par le don gratuit de Vie ontologique surnaturelle  (Grâce baptismale, et Grâce sanctifiante) unissant donc leur nature humaine et sociale à chacun, mais simultanément leur identité d'enfants de Dieu, il possède une intelligence collective,  à l'instar d'une personne physique.

          Mais cette intelligence et volonté communes ne sont pas celles de la personne morale juridique. Cette notion exclusivement juridique signifie que, pour les stricts besoins de  juridiction, de gouvernement, et  de discipline, il sera prétendu que ce corps collectif de l'Eglise, qui est en quelque sorte  le corps du corps mystique du Christ, le corps mystique étant son âme, aura une existence, que ce corps collectif aura une existence individualisée,  à l'exemple d'une  personne juridique physique, autonome, et indépendante de la somme des existences de chacun des membres du corps social.

           La personne morale de l'Eglise et la personne morale du Saint Siège ne s'appliquent pas seulement au "corps" humain collectif de l'Eglise, (et au corps physique du Pape) mais elles s'appliquent à l'Eglise corps social et corps mystique ou âme,  et elles s'appliquent au Pape matériel et au Pape formel. Ne serait-ce qu'en raison de la cause divine de leur création, mais aussi en raison de l'union  permanente au fil des siècles, et sans confusion ni séparation entre leurs réalité surnaturelle et leur réalité naturelle. Corrélativement, elle ne s'appliquent pas seulement à l'âme de l'Eglise (l'indéfectibilité de sa Foi) et à l'âme du Saint Siège (la juridiction).

           C'est pourquoi il convient de repousser les réflexions visant à confondre une réalité légale avec la réalité surnaturelle en affirmant par exemple que l'hérésie éventuelle de tel ou tel evêque ou théologie n'en serait pas une ontologiquement, tant que l'autorité légale et légitime de l'Eglise n'aurait pas statué. Une hérésie matérielle peut être constatée par un grand nombre de membres du corps collectif de l'Eglise, "et donc reconnue comme telle par la société" (Mgr Sanborn) sans que la personne morale juridique, c'est à dire l'Etat gouvernant ladite société, ou la Hiérarchie, s 'agissant de l'Eglise, ne la considère comme telle. Il ne faut confondre en une unique notion, d'un côté,  le corps collectif dont parle Mgr Guérard des Lauriers par exemple, c'est à dire la personne morale au sens métaphorique à laquelle fait allusion le Pape Saint Pie X, et de l'autre côté, les autorités collectives gouvernant ce corps collectif. L'absence de sanction, pour les traditionnalistes, ou bien l'absence même d'Autorité, pour les sédévacantistes, n'interdit pas de tirer des conséquences ontologiques d'une situation qui tranche sur l'ontologie de la Révélation.

 

             En conclusion, l'on peut préciser que les précédents historiques ne peuvent pas être invoqués  tels quels, car le contexte d'une minorité hérétique ne peut pas servir à comprendre le contexte d'une majorité "hérétique matérielle" de fait, à l'heure actuelle, où la notion de Vérité a subi la révolution copernicienne de la cosmologie moderne, qui a engendré le "modernisme théologique" et celle de l'anthropologie postmoderne qui suscite le postmodernisme néo-chrétien.  Il n'empêche qu'il est inopérant de recourir à la notion de personne morale juridique pour trancher en matière ontologique surnaturelle, et qu'au contraire il demeure légtime d'invoquer la métaphore de personne morale au sujet de l'Eglise pour se préserver d'une personne qui serait devenue une mère dénaturée aux yeux de ses enfants, même si les autorités judiciaires ou policières demeuraient coupablement défaillantes.

              Ainsi à l'époque arienne le Pape n'a-il pas loué Saint Athanase d'Alexandrie de s'être retiré à  temps de la fausse "communion" sociologique et psychologique des Evêques ariens...

 

    JEAN CHAUDIERE

 

( A SUIVRE le 29 septembre 2011)  

 

 

 

 

(à suivre)

 
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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 23:32

 

 

 

 

"Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité d'entre les morts", disait un ancien cantique. Comment cela a-t'il été possible ? Cette question posée sous cent formes différentes,  comme les quatre-ving-dix neuf réponses qui lui sont régulièrement opposées par les multiples sectes hérétiques "chrétiennes"  depuis deux millénaires, et aujourd'hui, mérite d'être posée encore une fois par la simple lecture de la surprenante Annonce faite sur la bouche de Saint Yohanan dit Marcus ou Le Marteau (Saint Marc).

 

 

Au chapitre 4,

 

versets 30 à 34 :  Et il disait : « A quoi comparerons-nous le royaume de Dieu ? ou en quelle parabole le mettrons-nous ?

  1. Il est semblable à un grain de sénevé qui, lorsqu’on le sème en terre, est la plus petite de toutes les semences qu’il y ait sur la terre ;
  2. et lorsqu’on l’a semé, il monte et devient plus grand que toutes les plantes potagères, et il pousse de grandes branches, en sorte que les oiseaux du ciel peuvent nicher sous son ombre. »
  3. C’est avec de nombreuses paraboles de ce genre qu’il leur donnait l’enseignement selon qu’ils étaient capables de l’entendre ;
  4. et il ne leur parlait pas sans paraboles, mais, en particulier, il expliquait tout à ses disciples.

 

 

Observons effet en premier lieu que ni "le peuple" ni les lettrés de l'élite ne comprenait  pas les enseignements de fond  faits par Notre-Seigneur, au moyen de comparaisons et  d'énigmes, de sentences et d'aphorismes souvent complexes.

 

 

Or ces enseignements sont fondamentaux en ce sens où il sont ceux qui donnent accès à la compréhension de la communication d'une vie surnaturelle par Dieu et les hommes, et de la création nouvelle, supplémentaire, surajoutée, greffée, informante. Cette création il faut le répéter sans relâche est à comprendre, au sens métaphysique du terme,  comme celle d'un canal de communication de cette vie  transcendante, ex deo, en direction de l'humanité naturellement créée ex nihilo.

 

Les éclaircissements ont de fait été donnés aux disciples qui suivaient le Maître.  En toute hypothèse ils sont diamétralement contraire aux contours suspects du pseudo-message qu'aurait laissé Notre-Seigneur d'après les falsifications de ces mêmes sectes. Ces faussaires refabriquent le Christianisme avec un acharnemenment obsessionnel, en marge de l'enseignement de l'Eglise, et en prétendant revenir toujours plus à l'authenticité des origines. Cette escroquerie et ce délire récurrents jalonnent chaque siècle de la vie de l'Eglise et  il font florès aujourd'hui.

 

La substance de cet enseignement est sui generis;  elle porte à sa plénitude la métaphysique hébraïque contenue dans les livres du Pentateuque, des Prophètes, des Psaumes, et de multiples livres hagiographiques. Comme nous l'écrivons dans "Jésus incorrect", cette doctrine démontre l'essence ontologiquement et intelligement contemplative des Evangiles dit Synoptiques, alors que paradoxalement on prête cette nature au seul Evangile sur la bouche de Saint Jean; lequel en réalité ne semble être paradoxalement qu'un enseignement méthodologique à l'intention des Envoyés originaires de Jésus-Christ, que sont les "apôtres".  

 

Il est clair tout au long des chapitres des Evangiles, que pareil enseignement laisse absolument indifférents les lettrés d'entre les Judéens, de même que les responsables de la secte des "Séparés" (paroushim) qui campe la néo-cléricature puritaine de l'époque, et sera le fabricant de la la nouvelle religion talmudique émergeant à la fin du Premier Siècle sur les ruines du Second Temple.  

 

 

 

 

Chapitre 5, versets 35 à 43

 

       Il parlait encore, lorsqu’on vient de la maison du chef de synagogue dire : « Ta fille est morte, pourquoi importuner davantage le Maître ? »

  1. Mais Jésus, ayant surpris la parole qui venait d’être prononcée, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. »
  2. Et il ne laissa personne l’accompagner, si ce n’est Pierre, Jacques et Jean, le frère de Jacques.
  3. On arrive à la maison du chef de synagogue, et il voit du tumulte et des gens qui pleurent et poussent de grands cris.
  4. Il entre et leur dit : « Pourquoi ce tumulte et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte, mais elle dort. »
  5. Et ils se moquaient de lui. Mais lui, les ayant tous fait sortir, prit avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui l’accompagnaient, et il entra là où l’enfant était [étendue].
  6. Et prenant la main de l’enfant, il lui dit : « Talitha qoum, » ce qui se traduit : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! »
  7. Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher ; elle avait en effet douze ans. Et aussitôt ils furent frappés de stupeur.
  8. Et il leur recommanda fortement que personne ne le sût ; puis il dit de lui donner à manger.

 

En second lieu,  remarquons que non seulement les souffrants physiques et mentaux qui paraissent avoir été légion en ce temps et spécialement en Galilée, mais l'ensemble des Judéens avaient assimilé en revanche, et en un clin d'oeil, que Notre Seigneur était un thaumaturge de génie.  Harcelé par ces nécessiteux de la santé et du réconfort, l'on voit le Le Fils de Dieu refusait à maintes reprise de se voir de quelque manière réduit  à  un magicien exceptionnel dans l'art de  guérir aujourd'hui et à être oublié demain. 

 

 

Cependant, il importe de réintroduire la distinction: ces actes de puissance bienfaisante qu'il accomplissait, de même que les actes dominant les éléments naturels, convainquaient les esprits du peuple: cela était donc nécessaire pour marquer les coeurs et les intelligences. Mais le but de Notre Seigneur n'était non seulement pas de délivrer un message humaniste parmi une cohorte de sages de l'humanité, mais il n'était pas non plus de convaincre de son caractère surhumain en quelque sorte et  de confiner le peuple dans son statut de médiocre et  et irréformalble humanité. Il devait semer le levain  surnaturel transformant la nature simplement humaine.

 

Face à cette popularité, un contraste saisissant  est offert cependant par la réaction des lettrés et des Séparés soit niant les faits, soit les méprisant,  soit les attribuant à l'influence du Shatan, de l'Ennemi de Dieu. A l'instar de l'attitude cynique et de mauvaise foi,  manipulatrice et tyrannique des soutiens de l'Etat qui  se reproduisent au fil des siècles  en toute culture et toute nation, ils ne craignent pas de diaboliser ce qu'il ne peuvent pas censurer et occulter. Ils n'hésitent pas à inverser le vrai et le faux, le bien - fait à des malades en détresse  - et le mal...L'enseignement de fond ils pouvaient le faire disparaître indirectement en s'attaquant à Notre Seigneur puis à ces Envoyés comme ils l'ont fait ensuite auprès des Empereurs romains, mais ces actes surprenants, il fallait simplement les discréditer en disqualifant leur auteur.    

 

Abstraction faite de la réception de ces actes, niée et calomniée par les dirigeants de la religion hébraïque alors en mutation

mais ayant touché les humbles et ceux qui souffrent, nous pouvons comprendre aussi par la longue relation qu'en ont donnée les Evangélistes, que Notre-Seigneur nous a laissé un enseignement précieux par eux.

D'une part, chaque malade "qui criait vers le Seigneur", représente en définitive tout homme rempli d'angoise de par sa condition humaine. Chaque homme est en partie, tour à tour, ou parfois tout à la fois, affamé, aveugle,  hystérique, sourd, paralysé,  épileptique, lépreux, agonisant ou mort parfois.

D'autre part, Notre Seigneur veut guérir son infirmité particulière du moment, mais qu'elle est l'unique condition qu'il pose inmanquablement à celui qui est au fond de l'abîme ? Il l'adjure, "aie la certitude intelligente de la vérité objective qui réside en Moi Fils de Dieu !"  
Mais cela n'est pas un message saptiential délivré parmi ceux des Socrate, Cakya Mouni, voire Freud (sic) Gandhi ou autres. Il est l'enseignement surnaturel,  qui met au jour un chose difficile à comprendre: "Si tu es,  pour l'instant, aveugle, handicapé, lépreux, mourant, c'est que tu as une vocation non pas à recevoir une guérison contingente, transitoire et relative, mais à voir, à être agissant car délivré de l'angoisse, et paisible car rassasié de vie".           

 

 

 

au chapitre 7,

  1. Les Pharisiens et des scribes venus de Jérusalem s’assemblèrent auprès de lui.
  2. Ils virent quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées ;
  3. les Pharisiens en effet et tous les Juifs ne mangent pas sans s’être lavé soigneusement les mains, gardant la tradition des anciens,
  4. et lorsqu’ils reviennent de la place publique ils ne mangent pas sans avoir pratiqué des ablutions ; ils gardent encore beaucoup d’autres observances traditionnelles : ablution des coupes, des cruches et des vases d’airain.
  5. Les Pharisiens et les scribes lui demandèrent donc : « Pourquoi vos disciples ne marchent-ils pas selon la tradition des anciens, et prennent-ils leur repas avec des mains impures ? »
  6. Il leur dit : « Isaïe a bien prophétisé sur vous, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi.
  7. Vain est le culte qu’ils me rendent, donnant des enseignements (qui sont) des préceptes d’hommes.
  8. Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes : vous faites des ablutions de cruches et de coupes, et beaucoup d’autres choses semblables. »
  9. Et il leur dit : « Vous avez bel et bien annulé le commandement de Dieu pour observer votre tradition !
  10. Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère ; et : Celui qui maudira son père et sa mère, qu’il soit puni de mort
  11. Mais vous, vous dites : « Si un homme dit à son père ou à sa mère : Ce dont j’aurais pu t’assister est qorban, » c’est-à-dire offrande,
  12. vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou sa mère,
  13. anéantissant (ainsi) la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez. Et vous faites beaucoup d’autres choses semblables. »
  14. Ayant rappelé la foule, il leur dit : « Ecoutez-moi tous, et comprenez.
  15. Rien de ce qui est hors de l’homme et qui entre dans l’homme ne peut le souiller ; mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme.
  16. Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
  17. Lorsqu’il fut entré dans une maison, loin de la foule, ses disciples l’interrogèrent sur la parabole.
  18. Il leur dit : « Ainsi, vous aussi, vous êtes sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le souiller,
  19. parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais (va) dans le ventre, et sort pour le lieu secret. » (Ainsi) il déclarait purs tous les aliments.
  20. Et il disait : « Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme.
  21. Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les pensées mauvaises : fornication, vols, meurtres,
  22. adultères, avarice, méchancetés, fraude, libertinage, envie, blasphème, orgueil, déraison.
  23. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et souillent l’homme. »

 

En troisième lieu,  ses ennemis étant venus en délégation de Ieroushalaïm à kefar Nahum, ils lui reprochent l'inobservation par  ses disciples des ablutions rituelles. En cette matière qui semblerait de prime abord secondaire  en tant que "pratique" matérielle, Notre Seigneur va dénoncer non seulement la religion humaine de ses opposants, mais surtout la fausse métaphysique qui sous-tend cette religion fabriquée par le pré-talmudisme; et de façon parallèle,  et telle la lumière chassant les ténèbres païennes sans cesse renaissantes, il va proclamer l' accomplissement de la Religion révélée ; et  il va  attester le fondement intelligible de cet accomplissement à savoir la métaphysique de Sa Révélation, qui elle est en continuité parfaite avec celle de l'Ancienne Alliance. Ce qui illustre une fois de plus la contradiction paradoxale qui l'oppose à la religion et à la philosophique talmudique. Le monde naturel n'est pas impur, il est bon pour l'homme. Quand ce dernier en fait usage et notamment l'absorbe sous forme de nourriture, il le met à profit pour demeurer en vie et alimenter jusqu'à son psychisme  (le nefesh) . Notre Seigneur précise que c'est l'homme lui-même se purifie  de surcroît de ces choses végétales ou animales, bonnes en soi, par ce passage et l'évacuation dans sa propre vie biologique  ("le ventre"). Au contraire, l'impureté participe du domaine de la morale, donc du domaine spécifique du "neshama":  de la  conscience et de la  raison. C'est là que l'homme fabrique prioprio motu l'impureté, l'altération introduite dans la création naturelle. 

 

 

chapitre 8, versets 11 et 12 (traduction par Claude Tresmontant)

 

Et alors ils sont sortis les perouschim et ils ont commencé à le chercher et ils lui ont demandé un signe venant des cieux pour le mettre à l'épreuve

et alors il a gémi dans son esprit et il a dit, pourquoi donc cette génération-ci demande-t'elle (pour elle) un signe 

amèn je vous le dis s'il est jamais donné à cette génération un signe

 

En quatrième lieu, ses adversaires viennent donc à la rescousse. Conformément à leur nouvelle version de la religion hébraique réelle, qui est assise sur la Norme éthique et sur la la Prophétie ontologique, ils défient  ce nabi incorrect, qui les concurrence sur leur propre  terrain de la  Norme orale, en démontrant la seule puissance qui leur plait. Si cet oint divin doit les gouverner et régner sur la terre, alors il doit au minimum commander de manière grandiose et indubitable aux éléments naturels!        

 

 

 

Toutes ces réactions attestent abondemment que les pharisiens avaient largement commencé à  revêtir d'une apparence "hébraïque"  la religion païenne sur le plan métaphysique et qu'ils allaient bientôt faire triompher l'herméneutique sapientiale au coeur de cette nouvelle religion en dissolvant sa substantialité ontologique initiale.

 

Enseignement métaphysique réaliste et concret,  guérisons des hommes en détresse, culte ontologiquement et surnaturellement moral; par là "quoi à vous à à moi?"  ; c'est cette antique objection hébraïque, que semble formuler de la sorte Notre Seigneur, à ses ennemis, philosophiquement sceptiques, matérialistes pratiques,  et paganisés!     

 

 

 

Jean CHAUDIERE.

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