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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 00:33

Argentine_181.jpg 

 

 

 

 

 

Lorsque Notre Seigneur Jésus Christ chasse les marchands du Temple...

  

 

 

Méditation sur l'intelligence catholique des Evangiles

  

  

  

La Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. [14] Il trouva dans le temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de pigeons, et les changeurs assis. [15] Ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, ainsi que les brebis et les boeufs; il dispersa la monnaie des changeurs, et renversa les tables; [16] et il dit aux vendeurs de pigeons: Otez cela d'ici, ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic.

[17] Ses disciples se souvinrent qu'il est écrit: Le zèle de ta maison me dévore. [18] Les Juifs, prenant la parole, lui dirent: Quel miracle nous montres-tu, pour agir de la sorte? [19] Jésus leur répondit: Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. [20] Les Juifs dirent: Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras! [21] Mais il parlait du temple de son corps. [22] C'est pourquoi, lorsqu'il fut ressuscité des morts, ses disciples se souvinrent qu'il avait dit cela, et ils crurent à l'Ecriture et à la parole que Jésus avait dite.

(Evangile de Saint Jean, chapitre 3)

 

 

1.- Le Temple représente en quelque sorte un sacrement dans l'Ancien Hébraïsme, un sacrement mais non pas au sens moderniste de symbole, mais d'incarnation réelle, sous  une apparence matérielle d'une présence réelle de Dieu. En cet incident, NSJC exerce un acte disciplinaire en matière liturgique, et un acte moral, en s'insurgeant contre la profanation du Lieu liturgique engendrée par une conduite blasphématoire,  dictée par une  cupidité toute-puissante. 

 

2.- On ne lui dénie pas ce droit en soi.  Mais en sous-entendant que ce pouvoir reviendrait ordinairement et de fait aux prêtres-sacrificateurs, - qui ne l'exercent d'ailleurs pas - on lui enjoint de démontrer l'attribution exceptionnelle,  qu'il pourrait tenir d'unr éventuelle faculté extraordinaire d'accomplir des "actes de puissance"  hors du commun.

 

3.- Il répond donc sur le terrain du Temple.  Et il provoque ces adversaires, en utlisant l'argument du majeur au mineur. Il les défie en substance dans les termes suivants: "Vous profanez le Temple, et moi je vous châtie; or vous pourriez détruire le Temple, et moi je le reconstruirais , et en trois jours seulement". Cela pouvait paraître présomptueux et gratuit de sa part . En fait, sur le plan déontologique et éthique, il justifie donc son acte en assurant qu'il peut réparer sa propre audace, jusqu'à la destruction totale du Temple, qu'il qualifie de "ce" Temple. L'on observe par là qu'il s'éloigne des Sacrificateurs et des lettrés, et de leur religion aussi bien dans l'aspect ritualiste de celle-ci que dans son caractère pharisien,  en réalité devenue caduque depuis sa naissance.

Remarquons que de même, depuis 1789 les républicains parlent de "ce" pays, lorsque ils évoquent la France réelle,  qu'ils ont frappée de caducité depuis cette date.   

Il exprime une sévérité extrême car il évoque la destruction totale du Temple par les Judéens eux-mêmes, alors que cela était inconcevable;  d'ailleurs seuls les Romains ont détruit le Temple en 70. Il met bien en cause les Hébreux cependant, et non les païens, car il veut démontrer en amorçant une analogie, "détruisez donc le lieu de la présence de Dieu, moi je reconstruirai ce lieu, et ce immédiatement." Il se déplace ainsi du domaine social et moral, vers le champ de l'ontologie surnaturelle, rien moins que cela.  

 

4.- L'acte de puissance que NSJC accomplit, dans le but d'assoir l'autorité qu'il manifeste détenir par son initiative déviante, ne ressortit pas de l'ordre de la morale, mais bien du champ de l'ontologie ; voici le sens réel de ses paroles :  "détruisez, vous les Judéens, élus par le Seigneur, le lieu sacramentel de la Présence de Dieu, et moi je le reconstitue aussitôt." Il s'identifie donc au Temple lui-même, car il annonce déjà que les Judéens, et personne d'autre , vont le tuer. Lui est le Lieu de la Présence divine. Les Anciens hébreux vont le condamner à mort d'abord par tentatives réitérées de lapidation, puis par les formes romaines; et en même temps ils anéantiront leur identité;  mais Lui, en ressuscitant, va consacrer ce Lieu Nouveau pour la suite des siècles,  en un Lieu Eternel: l 'Eglise Catholique.  

Par conséquent , en pouvant "le plus" nouveau et éternel, il peut "le moins" actuel: montrer que les anciens Hébreux ne sont plus même dignes de leur ancien lieu de la Shekina, de la Gloire de Dieu,  de la knesset Israël,  du Second Temple de pierres de Salomon.

Considérons également qu'il utilisera le même argument  de l'ontologie du plus, justifiant la morale du moins, lors de la guérison du palalytique introduit par le toit de la maison, en l'Evangile de Saint Matthieu.  

 

5.- C'est donc, parce qu'il est le vrai nouveau Temple, que NSJC, élucide comme en une parabole, comparaison vivante, dans cet épisode, ce qu'il ne tolère pas dans son Eglise, Son Corps informant l'humanité des baptisés, aujourd'hui encore comme hier.

Les schismatiques, hérétiques, apostats,  prévaricateurs,  et autres infiltrés,  avilissent son Eglise au rang d'une taverne de voleurs de son identité, d'imposteurs; ils s'affublent du titre de "Chrétiens", de "Catholiques", ils osent célébrer des  sacrements falsifiés et parodiques, ils osent enseigner une contre-doctrine "originellement évangélique". Il monnayent en définitive les réalités surnaturelles de NSJC en viles valeurs maçonniques; ils leur ont substitué ces mythes fourbes et fous de "paix, d'union, d'ouverture, de fraternité" ; or ce ne sont que d'odieuses contrefaçons semblables à celles des changeurs de monnaie du Temple sur leurs tables de voleurs, et des marchands de colombes de la fausse paix des politiciens et des peuples, corrompus et corrupteurs car repus du Veau d'or.   

 

                                                                                                                                                Jean CHAUDIERE 

 

Ps 69:10
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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 22:21

 

 

 

 

 

   

 

Cette étude est ordonnée sous une double idée.   

La première thèse est la suivante:

 

Elle   envisage les Evangiles, tels qu'ils se donnent,  et sans leur appliquer un pré-supposé ni d'ordre scientiste, ni de nature ésotérique. Ils se présentent en eux-même comme des médiateurs matériels entre l’histoire et la philosophie.

Cette idée est conduite selon une méthode classiquement dialectique.      

La première partie de l'ouvrage (des chapitres 1 à 6)  forme donc à titre de "thèse",  une observation historique susceptible d'aboutir chez chaque lecteur, à une" intime conviction".

  

La  deuxième étape en constitue "l’antithèse". Les indices recueillis et qui viennent d'être évoqués,  devaient ensuite être confrontés  à des  experts ou des spécialistes  de l'intelligence,  à une expertise de la philosophie. Il s'agit des chapitres 7 à 12. 

Sans doute s'avère-t'il  malaisé de requérir ici une expertise exhaustive; en particulier l'auteur n'entre pas de manière spécifique dans les analyses et les perspectives de la morale,  des sciences de la matière et de la vie, ou  du langage. Il tente de ramasser ce défi, en s'en tenant à l'origine, et aux effets.

  

La   troisième partie conduit à une "synthèse"; elle tient lieu en quelque sorte  "d’interrogatoire du témoin principal": elle relate son identité, sa méthode, sa déposition. Il s'agit donc d'un questionnement exégétique et anthropologique; sa structure fait se succéder alternativement l'approche par l'exégèse, (ch.13)  puis par l'anthropologie, (ch.14) puis de nouveau par l'exégèse (ch.15), puis alternant encore au ch. 16 et 17... Simultanément, elle créée ipso facto une deuxième et nouvelle thèse qui peut se formuler comme suit  :

  

Selon cette seconde thèse, 

 

la matière littéraire des Evangiles et leur sujet lui-même visent :   Jésus,  dont le personnage s'instaure d'emblée en qualité de médiateur. Il relie en effet d'une part, un discours religieux puisé dans l'exclusive théologie biblique,  et d'autre part  le  ""Surnaturel vivant",  une sur-Réalité indépendante à la fois du cosmos,  et de la conscience humaine, et cependant vivante :  "Il est vivant le Seigneur devant qui je me tiens" (Elie)

Et cette idée est exprimée de la façon suivante :

 

L'exposé est fondé sur une synthèse mettant en résonnance l’aspect documentaire et historique des Evangiles (objet de la première partie) et l’exégèse littéraire  (ch. 13); et il passe par une autre jetant un pont entre la philosophie  (évoquée en deuxième partie) et l’anthropologie, (ch. 14) ;  et il complète par une confrontation entre l’exégèse et de nouveau l’anthropologie (ch. 15) ,  sans omettre encore un face-à-face  entre cette dernière  et l’histoire (ch. 16),  parvenant de la sorte à une dernière vérification entre l'exégèse et la philosophie.

     

La quatrième partie soumet une nouvelle "antithèse" à cette thèse : 

les chapitres suivants sont dédiés à, 

savoir:  Le 18,  l'exégèse et le champ historique  faisant écho à la première partie ;  le 19,  la confirmation anthropologique ;   le 2O,  l'exégèse et le domaine philosophique (en réplique de la deuxième  partie)  ;    le  21,  une seconde confirmation sociologique ; le 22,  l’angle anthropologique observé à l'aune de  la troisième  partie ;  et enfin  le  23,  la confirmation  de l’exégèse.  

 

La cinquième et dernière étape élabore une  syntèse de cette "seconde thèse" consacrée à JESUS, en récapitulant, chapitre par chapitre,  chacune des phases analysées sous les quatre parties de l'oeuvre: histoire, philosophie, exégèse, société.     

 

De la sorte, l'auteur a mené une enquête usant d'une méthode en harmonie avec le dépassement dialectique que suscite "l'information" créée par le Seigneur Jésus-Christ.                                                                                      

 

                                                                                                                                                 Un lecteur.

 

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 17:47

 

                                   JESUS INCORRECT    CONTRE ENQUETE SUR LES EVANGILES  

 

 

L'IMAGE "APOLOGETIQUE":  UN DEFI  DANS UNE CULTURE PAIENNE !

                                                                   

    

 

          Le premier regard sur un phénomène conditionne toutes les déductions suivantes.

 

 

          Trois manières de considérer le phénomène de Jésus se présentent:

 

                Le regard Catholique; L'oeil scientiste et a priori antichrétien, qui affirme donner une explication exhaustive ;  L'optique sceptique, de bonne foi, qui confesse l’énigme, et suspend son jugement.   C'est à l'aune de ce constat que  j'ai voulu exposer mes constatations émerveillées,   face aux cohérences internes multi disciplinaires du phénomène du surgissement de Jésus dans l'histoire, et ceci , quelles que soient les portes d’entrées épistémologiques qu’on utilise en la matière.

 

Et en corollaire, j'ai dû dénoncer les conclusions fausses inhérentes au regard scientiste tyrannisant les méthodes de l’exégèse moderniste depuis trois siècles.  Les anti-chrétiens, les athées militants, les prosélytes de tous bords , « corpus Christi » donnent l'impression de se cantonner à puiser en ces eaux obscures. Ils renoncent à s’interroger outre mesure, sur les  assises de cette myopie scientiste elle-même,  accordant une confiance candide à l'autorité des fameux « spécialistes » protestants, catholiques, ou agnostiques.

  

Pour autant s'agit-il d'une classique "Apologétique", demanderez-vous ?

 

          C’est depuis ce point de perspective que  je récuse les accusations classiques relatives au  manque de rigueur scientifique et d'honnêteté intellectuelle contre ce genre d'appréhension.

Au préalable, et malgré une certaine exhaustivité de mon approche,  je ne me suis pas appesanti sur la philosophie du langage ,  les sciences exactes, la morale,  l’histoire de l'Eglise. Ma démarche ne procède pas à proprement parler de la nature d'une "apologétique " telle que les périodes passées ont été le témoin ,  ni d'une nouvelle entreprise de concordisme gratuit, et bien encore moins, d'une intiative de caractère fondamentaliste En s'inscrivant en faux contre l'idée convenue que, dans ses  prémices,  le phénomène était nazaréo-messianiste et, au mieux, "judéo-chrétien" au sens étroit du terme, Il s'agit plutôt de mettre au jour le point de départ du catholicisme des origines.  

 

 

              En fait un nouveau regard simple sur la Vérité :

 

             Tout d'abord,  je tâche de  me mettre à l'école réaliste,  et d'observer les conclusions données sur les origines des Evangiles dans diverses disciplines humaines et sociales;  je voudrais que les notions de rigueur, logique, bon sens, et induction ne soient pas de vains mots. C'est sur ces bases que je ré-expose en quelque sorte les prolégomènes de l'acte d'adhésion du coeur et de l'intelligence à ce phénomène que nous lègue l'histoire. 

 

                  Ensuite et en  résumé: je remarque que les documents des Evangiles possèdent une  réalité historique d'un côté, et que de l'autre, leur justification est hors du commun.  J'observe que la spiritualité chrétienne carmélitaine vérifie dans le détail,  de façon exhaustive et cohérente,  l’origine historique de la Religion du Christ,  en sa forme historique,  et dans son fond humain et social.

 

 

  Enfin,  je souligne un  "dépassement dialectique surnaturel,"  qui procède de l’ordre ontologique surnaturel, et non pas du simple raisonnement logique.  Je le qualifie de  "Dépassement dialectique Trinitaire', inséré lui même dans un  "Dépassement dialectique humain."   

 

 

Les étapes de l'ouvrage  :

      

            S'il est construit sous la forme des étapes méthodiques d’une enquête judiciaire, il repose quant au fond, sur  deux principes.

 

1.Le  premier, éternel, a trait à la  co-existence de la terre et du Ciel. Son point de départ réside dauns un événement susceptible d'une étude directe, effectuée sur le  document  "les évangiles" ,

il se refuse à  dissoudre ce document, par pétition de principe, dans  un « dit en situation »  ; il  veut  le supposer réel, malgré la toute-puissance de la pensée unique religieuse. Pensée qui se nourrit d'une double origine, d'apparence opposée, d'une face,  scientiste et de l'autre face, supra- intellectualiste. 

Et il le confronte à la possibilité d’un Ciel ;  il ouvre à ce sujet des pistes à partir de l'essentiel philsophique.

  

2.Ensuite la seconde idée,  concerne la compréhention de ce document, qui se donne comme un pont entre l’histoire et la raison. De fait, les Evangéglistes nourrissent l’ambition de former transmettre un document médiateur entre le Ciel et la terre.  

L’"information" contenue dans ce document,  est à prendre sous trois acceptions. Au sens ordinaire, c'est un message relative à une connaissance. En langage thomiste, il s'agit de l'actuation d'une puissance, muni d'une disposition nécessaire, au moyen d'un Acte créateur, et par analogie avec la théorie scientifique de "l'information". Elle est métaphysique et ontologique, spirituelle et concrète pour l'homme.  

   

3. Mais ces étapes franchies, il demeure que ce texte doit être étudié également dans son objet spirituel clairement annoncé, sans soupçonner par préalable , ses auteurs de quelconques turpitudes machiévéliques. 

   

4. Cette sagesse,  émanant de ce récit d'attestations  sur le personnage insolite de Ieschoua ha Nôtzeri" Jésus doit aussi être de nouveau passé au crible à la perspective sociale de son émergence. L'enjeu est bien le suivant: sa pertinence spirituelle résiste-t'elle à certaines explications de type sociologique?  Là encore, il a étudié trois types d'explications traditionnelles en quelque sorte, sans retenir la réduction du phénomène à son analyse psychanalytique.  

   

5. Enfin la littérature évangélique d'un côté, mais aussi de l'autre,  l’interprétation sociale de cette littérature, conduisent à mettre à jour une seconde médiation qui se conclue entre Dieu et l'humanité.  Son sujet, ontologiquement surnaturel,  en est Jésus. tel apparaît la conjugaison de son enseignement et des  conditionnements sociaux et historiques.  

 

 

En conclusion, les deux premières parties d’une part, et les deux secondes, d'autre part, tentent d'explorer les deux faces de la Transcendance et de l’immanence ,d’abord sur le plan historique et anthropologique, et dans un second temps sur un plan  littéraire, et social.  

La cinquième partie récapitule quant à elle, cette double harmonisation des deux ordres différents,  au sien du témoignage extérieur sur Jésus, puis au coeur de son enseignement.

 

 

                                                                                                                Jean CHAUDIERE 

 

 

 

 

 

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 17:04

 

DESTRUCTION DES MANUSCRITS HEBREUX DES EVANGILES

 

Extrait du bulletin 4ième trimestre 2006 de l'Association Jean Carmignac:  article de Jean-CLaude  OLIVIER membre de cette association,et qui est littéralement retranscrit à la suite :

 

 

A la source de nos Evangiles en grec, des manuscrits hébraïques, écrits très tôt et en hébreu, et qui se seraient comme "évaporés" ? Des dizaines d'années d'un travail scientifique très rigoureux ont permis à l'abbé Jean Carmignac d'avancer des hypothèses solides dans plusieurs directions. Mais le noyau central de sa précieuse contribution à la recherche exégétique, à travers l'étude des sémitismes - et là cet homme si prudent, si modeste, ne parle plus d'hypothèses mais de preuves - c'est que les Evangiles, rédigés « en hébreu, et bien plus tôt qu'on ne le dit habituellement, sont beaucoup plus proches des faits et ont une valeur historique de premier ordre» (1). Les lignes qui suivent n'ont aucune prétention à l'érudition, elles se contentent de "rapprocher" des réflexions de grands érudits qui, par un autre biais, rejoignent les conclusions de l'abbé Carmignac.

 

Lors de son exposé à notre assemblée générale du 2 octobre 2004, le Professeur Antoine Luciani s'étonnait, au détour d'une phrase, que les manuscrits hébraïques de nos Evangiles "se soient comme étiolés", au point que nous ne possédons que du grec (les papyrus du Nouveau Testament qu'on a découverts progressivement au XXè siècle - voir l'article de Don Vernet -, sont en grec ; pour l'instant, aucun papyrus en hébreu n'a été trouvé). Et je repensais, en l'écoutant, à cette conversation de 1995 entre deux autres grands savants, Claude Tresmontant e t Pierre Chaunu (2) : Pierre Chaunu : Ils [les Juifs] aimaient les calembours, hein… Claude Tresmontant : Ah ! Mais ils faisaient cela constamment ! Les rabbins dans le Talmud, par exemple pour les Evangiles, pour décalquer le mot évangile, « euanggelion », ils ont trouvé l’astuce « ’aven gillayon », ce qui veut dire « les rouleaux de mensonges » ! Parce qu’ils disent ceci, les rabbins – c’est très intéressant pour notre sujet... On trouve chez les petits rabbins de la première génération… Ils discutent entre eux : qu’est-ce qu’on fait avec ces abominables rouleaux de ces « Minim » (3), de ces hérétiques ? Alors ils disent : « Quand il y a le saint Tétragramme dedans, qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’on le brûle ? Non ! On ne peut pas le brûler. Alors, il faut le découper au couteau » ! Ce qui prouve qu’il y avait des rouleaux en hébreu dans la première génération. Pierre Chaunu : Oui, on ne peut pas brûler le Tétragramme… Claude Tresmontant : On n’a pas le droit de le brûler, il fallait le découper… Pierre Chaunu : On peut l’enterrer aussi finalement ? Claude Tresmontant : Oui... Enfin, c’étaient des discussions horribles pour savoir qu’est-ce qu’on fait avec les Evangiles et les rouleaux en hébreu des Minim... (4)

 

Le professeur israélien Dan Jaffé, dans un livre (5) récemment paru, reproduit cinq petits extraits de la littérature rabbinique naissante, qui reprennent de façon voisine les termes de ce débat, et où l'on retrouve deux types de directives rabbiniques concernant les rouleaux en hébreu des Minim : les uns disent qu'il faut "couper les mentions [du Nom de Dieu] et brûler le reste", les autres qu'il faut "brûler le tout". Voici un de ces extraits (Tosefta Sabbath XIII, 5) dans la traduction de l'auteur.: « [En cas d'incendie], on ne sauve pas les guilyonim (6) et les livres des Minim, ils brûlent sur place avec les mentions [du Nom de Dieu qu'ils renferment]. R. Yossi le Galiléen dit : "Les jours de semaine, on se met à découper les mentions [du nom de Dieu], et on les met à l'abri, tandis qu'on brûle le reste." R. Tarfon déclare : "Que je sois privé de mes enfants [plutôt que de manquer], si [ces livres] tombaient dans mes mains de les brûler, eux, et les mentions [du Nom de Dieu qu'ils renferment], car si l'on me poursuit, j'entrerai dans un lieu d'idolâtrie mais je n'entrerai pas dans leurs maisons [ variante du Talmud de Babylone (Sabbath 116a) : car si l'on poursuit quelqu'un afin de le tuer, et qu'un serpent se précipite pour le mordre, il entrera dans une maison d'idolâtrie mais non dans leur maison], car les idolâtres (7) (serviteurs de dieux étrangers) ne Le connaissent pas et Le renient alors qu'eux Le connaissent et Le renient." [...] R. Ismaël dit : "Puisque pour faire la paix entre un homme et sa femme, Dieu dit : Que mon Nom écrit dans la sainteté soit effacé avec de l'eau ; les livres des Minim qui entraînent l'inimitié, la jalousie et les dissensions entre le peuple juif et son Père qui est aux cieux, à plus forte raison pourra-t-on les brûler, eux, et les mentions [du Nom de Dieu qui s'y trouvent]." Etc'est pour eux que le verset dit : "Certainement, je hais ceux qui te haïssent, et ceux qui se dressent contre toi, je les déteste. Je les hais infiniment, je les considère comme des ennemis" (Ps 139, 21-22). Et de même qu'on ne les sauve pas d'un incendie, on ne les sauve pas non p lus d'un éboulement, d'une inondation et de tout ce qui pourrait les perdre ».

 

Ces textes, marqués d'un forte agressivité, sont à comprendre dans leur contexte. Ils montrent qu'encore après la chute du temple, en 70, la principale crainte des fondateurs du judaïsme rabbinique "était l'influence que pouvaient avoir les judéo-chrétiens sur les autres membres de la société juive" (Dan Jaffé, ouvrage cité, p.40). D'où leur habile stratégie pour les exclure des synagogues en intégrant à la liturgie, dans les années 70-90, la récitation d'une malédiction contre les chrétiens (la Birkat ha-minim) et en intégrant dans la législation la plus sacrée, celle du Sabbath, la prescription impérative de détruire ces fameux rouleaux en hébreu portant les Ecritures saintes des chrétiens. Par contre ce que pouvaient dire ou lire les chrétiens non juifs, les pagano-chrétiens, dans des traductions en langue grecque, n'était plus de leur ressort (8). Retenons donc qu'à la fin du 1er siècle, ces textes chrétiens en langue hébraïque existaient encore.

 

J.-C. OLIVIER 

 ___ ______________________

notes /

(1) Extrait de la 4è de couverture de son livre Naissance des Evangiles synoptiques, Ed. F.-X. de Guibert, Paris 1984. Malheureusement l'abbé Carmignac est mort avant de publier les gros volumes qui devaient convaincre ses pairs, et l'article "Sémitismes" dont il avait été chargé pour le Supplément au Dictionnaire de la Bible a été rédigé par un exégète qui, tout en ayant eu accès à ses papiers, était très hostile à ses conclusions.

(2) Extrait d’un entretien radiophonique entre Claude Tresmontant et Pierre Chaunu du 28 février 1995, dans le cadre des "Mardis de la Mémoire", émissions produites par Pierre Chaunu.

(3) Les Chrétiens, ou plus exactement dans ce contexte, les Juifs chrétiens, les Juifs qui avaient foi en Jésus, Messie et Fils de Dieu. Selon les auteurs, on trouve les termes de judéo-chrétiens, de nazaréens ou nazoréens pour les désigner, mais ces termes sont difficiles à manier et recouvrent des réalités variables.

(4) Et Claude Tresmontant, après avoir constaté cette preuve qu’il y avait des rouleaux en hébreu avant les manuscrits en grec des Evangiles, continuait son raisonnement ainsi : « Ce qui est évident, puisque, lorsque les traducteurs, lorsque les inconnus qui ont traduit la Bibliothèque hébraïque d’hébreu en grec, rencontraient le saint Tétragramme qui était imprononçable, celui qui dictait disait « Adonaï » et celui qui traduisait, traduisait « Kurios », sans l’article. Alors maintenant vous regardez Luc, ou l’Apocalypse, ou Matthieu, dans le texte grec : vous verrez très fréquemment « Kurios » sans l’article, tout à fait au début de Luc par exemple, ce qui est la preuve que vous aviez le saint Tétragramme en hébreu sous les yeux. Pierre Chaunu : Bien sûr. »

(5) Dan Jaffé, Le judaïsme et l'avènement du christianisme, Orthodoxie et hétérodoxie dans la littérature talmudique, Ier- IIè siècle, , Ed. du Cerf, Paris, mars 2005.

(6) "Guilyonim" : les Evangiles. Certains disent : les Evangiles joints à la Torah, etc. (voir D. Jaffé, ouvrage cité, p. 246 à 257 ; et p. 250 : "si ce vocable désigne des textes chrétiens, c'est du corpus des Iers Evangiles - rédigés peutêtre en hébreu/araméen - qu'il s'agit")

(7) « L'idolâtrie polythéiste avait cessé d'être un danger pour les juifs de cette époque, alors que les Sages [ndr : les fondateurs du judaïsme rabbinique] redoutaient fortement l'influence des judéo-chrétiens ». (D. Jaffé, ouvrage cité, p. 304)

(8) Jacqueline Genot-Bismuth, dans son livre "Un homme nommé Salut", Ed. F.-X. de Guibert, cite des exemples de textes en langue hébraïque qui n'ont survécu que grâce à leur traduction en grec : cas des Livres des Macchabées qui ne seront sauvés de la disparition (car rejetés par les canonistes rabbiniques) que "grâce à leur traduction en grec conservée dans la Bible des Septante", ou du texte connu sous le nom "d'Ezra IV et dont un original hébraïque peut être postulé bien que la censure rabbinique ait finalement conduit à sa perte" ; cas aussi du Livre des Jubilés et autres écrits sacrés rejetés par les fondateurs du judaïsme rabbinique, "écrits dont une grande partie fera finalement naufrage, et que seul le christianisme primitif, plus accueillant, aura préservé, mais sous des traductions grecques" (p. 57 et 201). -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Dans le bulletin de nov.1999, (n°4), nous écrivions : « Savez-vous que Nicolas V, Pape de 1447 à 1455, avait promis à qui aurait retrouvé l'original hébreu de l'Evangile de Saint Matthieu, le poids en or de son corps ? Nous tenons cette information du Père Giuseppe Cagni, du Centre d'Etudes dei Barnabiti à Rome, et nous le remercions. »

 

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 20:48

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 11:38

 

 

JESUS incorrect,

 

Contre-enquête sur les Evangiles

 

 

par

Jean CHAUDIERE

 

 

 

 

 

 

A la faveur de la mondialisation,  l’ultime et actuel avatar de la modernité serait d’unifier  la pensée même.  Bien plus, son injonction de réaliser à l’infini des consensus   voudrait  nous dire singulièrement que le précepte kantien « oser penser par soi-même »  serait désormais pire qu’un archaïsme ;  il résisterait au congé non-dit que la mécanique et la science prétendent signifier  au cœur et à l’intelligence.  Dans ce contexte, quel sujet historique est-il plus incorrect aujourd’hui que celui de  Jésus ? Quelle attitude paraît-elle surtout  plus régressive qu’une adhésion non-conforme à sa personne ?  Or élucider que la raison et l’intuition  conservent  encore droit de cité  ici : voilà le défi auquel s’attaque l’auteur.  

          

Ayant compris que la foi  était non un sentiment aveugle, mais  la Porte ouvrant sur un commerce d’amitié avec Dieu, aussi concret que celui d’un enfant dans les bras de son Père, il conjugue les investigations mettant à nu la dictature relativiste de l’exégèse officielle. Il  fustige ses arguties savantes disqualifiées par une idéologie agnostique et académique ; il dénonce sa prétention de recréer dans ses  bibliothèques, une certaine histoire d’un certain Jésus, «un je ne sais quoi qui n’a aucun nom dans aucune langue».

 

Respectant les étapes d’une enquête judiciaire, il se livre à une  dissection pénétrante et méthodique, pluridisciplinaire et  globale, de l’approche des Evangiles. Son intime certitude transforme vite cette archéologie épistémologique en un plaidoyer aussi éloquent qu’implacable. Rayonnant de la contemplation objective, puisée à la source du Carmel, de la réalité transcendante de Jésus, il en dévoile en même temps, et en un  paradoxe cinglant,  toute l’humanité enracinée dans la sève la plus hébraïque, et par là, toute la vraisemblance.    

 

 

 

 

 

 

 

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