Lorsque Notre Seigneur Jésus Christ chasse les marchands du Temple...
Méditation sur l'intelligence catholique des Evangiles
La Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. [14] Il trouva dans le temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de pigeons, et les changeurs assis. [15] Ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, ainsi que les brebis et les boeufs; il dispersa la monnaie des changeurs, et renversa les tables; [16] et il dit aux vendeurs de pigeons: Otez cela d'ici, ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic.
[17] Ses disciples se souvinrent qu'il est écrit: Le zèle de ta maison me dévore. [18] Les Juifs, prenant la parole, lui dirent: Quel miracle nous montres-tu, pour agir de la sorte? [19] Jésus leur répondit: Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. [20] Les Juifs dirent: Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras! [21] Mais il parlait du temple de son corps. [22] C'est pourquoi, lorsqu'il fut ressuscité des morts, ses disciples se souvinrent qu'il avait dit cela, et ils crurent à l'Ecriture et à la parole que Jésus avait dite.
(Evangile de Saint Jean, chapitre 3)
1.- Le Temple représente en quelque sorte un sacrement dans l'Ancien Hébraïsme, un sacrement mais non pas au sens moderniste de symbole, mais d'incarnation réelle, sous une apparence matérielle d'une présence réelle de Dieu. En cet incident, NSJC exerce un acte disciplinaire en matière liturgique, et un acte moral, en s'insurgeant contre la profanation du Lieu liturgique engendrée par une conduite blasphématoire, dictée par une cupidité toute-puissante.
2.- On ne lui dénie pas ce droit en soi. Mais en sous-entendant que ce pouvoir reviendrait ordinairement et de fait aux prêtres-sacrificateurs, - qui ne l'exercent d'ailleurs pas - on lui enjoint de démontrer l'attribution exceptionnelle, qu'il pourrait tenir d'unr éventuelle faculté extraordinaire d'accomplir des "actes de puissance" hors du commun.
3.- Il répond donc sur le terrain du Temple. Et il provoque ces adversaires, en utlisant l'argument du majeur au mineur. Il les défie en substance dans les termes suivants: "Vous profanez le Temple, et moi je vous châtie; or vous pourriez détruire le Temple, et moi je le reconstruirais , et en trois jours seulement". Cela pouvait paraître présomptueux et gratuit de sa part . En fait, sur le plan déontologique et éthique, il justifie donc son acte en assurant qu'il peut réparer sa propre audace, jusqu'à la destruction totale du Temple, qu'il qualifie de "ce" Temple. L'on observe par là qu'il s'éloigne des Sacrificateurs et des lettrés, et de leur religion aussi bien dans l'aspect ritualiste de celle-ci que dans son caractère pharisien, en réalité devenue caduque depuis sa naissance.
Remarquons que de même, depuis 1789 les républicains parlent de "ce" pays, lorsque ils évoquent la France réelle, qu'ils ont frappée de caducité depuis cette date.
Il exprime une sévérité extrême car il évoque la destruction totale du Temple par les Judéens eux-mêmes, alors que cela était inconcevable; d'ailleurs seuls les Romains ont détruit le Temple en 70. Il met bien en cause les Hébreux cependant, et non les païens, car il veut démontrer en amorçant une analogie, "détruisez donc le lieu de la présence de Dieu, moi je reconstruirai ce lieu, et ce immédiatement." Il se déplace ainsi du domaine social et moral, vers le champ de l'ontologie surnaturelle, rien moins que cela.
4.- L'acte de puissance que NSJC accomplit, dans le but d'assoir l'autorité qu'il manifeste détenir par son initiative déviante, ne ressortit pas de l'ordre de la morale, mais bien du champ de l'ontologie ; voici le sens réel de ses paroles : "détruisez, vous les Judéens, élus par le Seigneur, le lieu sacramentel de la Présence de Dieu, et moi je le reconstitue aussitôt." Il s'identifie donc au Temple lui-même, car il annonce déjà que les Judéens, et personne d'autre , vont le tuer. Lui est le Lieu de la Présence divine. Les Anciens hébreux vont le condamner à mort d'abord par tentatives réitérées de lapidation, puis par les formes romaines; et en même temps ils anéantiront leur identité; mais Lui, en ressuscitant, va consacrer ce Lieu Nouveau pour la suite des siècles, en un Lieu Eternel: l 'Eglise Catholique.
Par conséquent , en pouvant "le plus" nouveau et éternel, il peut "le moins" actuel: montrer que les anciens Hébreux ne sont plus même dignes de leur ancien lieu de la Shekina, de la Gloire de Dieu, de la knesset Israël, du Second Temple de pierres de Salomon.
Considérons également qu'il utilisera le même argument de l'ontologie du plus, justifiant la morale du moins, lors de la guérison du palalytique introduit par le toit de la maison, en l'Evangile de Saint Matthieu.
5.- C'est donc, parce qu'il est le vrai nouveau Temple, que NSJC, élucide comme en une parabole, comparaison vivante, dans cet épisode, ce qu'il ne tolère pas dans son Eglise, Son Corps informant l'humanité des baptisés, aujourd'hui encore comme hier.
Les schismatiques, hérétiques, apostats, prévaricateurs, et autres infiltrés, avilissent son Eglise au rang d'une taverne de voleurs de son identité, d'imposteurs; ils s'affublent du titre de "Chrétiens", de "Catholiques", ils osent célébrer des sacrements falsifiés et parodiques, ils osent enseigner une contre-doctrine "originellement évangélique". Il monnayent en définitive les réalités surnaturelles de NSJC en viles valeurs maçonniques; ils leur ont substitué ces mythes fourbes et fous de "paix, d'union, d'ouverture, de fraternité" ; or ce ne sont que d'odieuses contrefaçons semblables à celles des changeurs de monnaie du Temple sur leurs tables de voleurs, et des marchands de colombes de la fausse paix des politiciens et des peuples, corrompus et corrupteurs car repus du Veau d'or.
Jean CHAUDIERE
Ps 69:10 |
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